mercredi 29 octobre 2008

"Ma Post-Face 2007 à "Chemins de Vie" ", Article d'Alice Miller

Traduction de l'article anglais d'Alice Miller: "My Afterword 2007 to "Path of Life".

Une Liste des Traductions du site d'Alice Miller récapitule les documents de son site web traduits dans d'autres langues mais non disponibles sur son site web et quelques articles non référencés sur son site web.

Cet article montre que la confrontation et le réconciliation avec les parents n'est pas nécessaire pour guérir et peut même être dangereuse si les parents continuent de jouer la comédie, de ne pas être sincères.Il peut même être nécessaire de ne pas les contacter.
Les médicaments comme les antidépresseurs ne guérissent pas mais calment et cachent les souffrances et leur origine.Même si les autres médicaments qui soignent réellement ne permettent pas de découvrir la vérité sur l'enfance, ils sont nécessaires.
Il se peut que les parents qui maltraitent l'enfant se disent qu'une fois adulte on en parle plus, on y revient pas pour justifier et ne pas arrêter les maltraitances de l'enfant.Puisqu'une fois adulte on en reparlera plus, il n'y a pas de risque à continuer de maltraiter l'enfant tant qu'il est encore petit.

"Ma Post-Face de 2007 à "Chemins de Vie"

Article original "My Afterword 2007 to "Path of Life" en anglais par Alice Miller, sur le site http://www.alice-miller.com, traduction en Français par Gaël Roblin, traduction non vérifiée par Alice Miller ou son équipe.Note: cet article originalement en anglais ne s'applique peut être qu'a l'édition en anglais du livre "chemins de vie"

En révisant ce livre pour l'édition brochée, j'ai décidée d'omettre l'un des cas étudié après avoir reçu de la part de son protagoniste une précision sur la façon dont l'histoire s'est développée pendant ce temps.
Dans la version de poche de "Chemins de Vie" (1998), une fille adulte que j'appelle Sandra, relate fièrement qu'elle a réussi à se persuader elle-même d'aller visiter son père âgé, et avec une relative équanimité, de le confronter au fait qu'il l'a abusé sexuellement quand elle était petite. Elle était fière de ne pas s'être permise d'être inondée par des sentiments forts et lui avait calmement dit ce qu'elle avait découvert au court de la thérapie.Comme son père ne pouvait pas nier ces faits, Sandra se senti confiante et pouvait espérer un rétablissement complet de ces symptômes résiduels.
Mais à sa grande stupéfaction ces symptômes sont en réalité devenus plus aigus en l'espace de
seulement quelques années. En même temps, de nouveaux souvenirs et des rêves affligeants l'ont assaillie, lui révélant le sadisme extrême de son père dont elle était inconsciente jusqu'à ce point.Elle a réalisée que la "confession" joviale de son père l'a trompée sur l'entière vérité, et cette prise de conscience a provoquée une imposante rage en elle. C'était la rage d'une petite fille contre son père tout-puissant, qui l'a sacrifiée si jeune à ses penchants pédophiles. Les sentiments intenses, les rêves et les réponses physiques réveillés par tout ce qu'a révélé un homme n'ont aucun rapport avec le père bien intentionné qui à si facilement avoué son comportement abusif quand elle l'a rencontrée à Toronto. Durant leur rencontre, il devait savoir que la mémoire de Sandra ne révélait seulement qu'une part de la vérité. Donc il a continué de jouer le personnage du bon père agréable dont la sincérité en laquelle elle voulait tellement croire faisait partie. Elle ne réalise que maintenant qu'il n'a laissé aucune trace d'empathie pour son petit enfant dans sa mémoire.

C'était cette longue colère refoulée, non mesurable qui a libérée la Sandra adulte de l'idéalisation de son père et de son "amour" pour lui. Elle était enfin capable d'abandonner la compassion qu'elle a cultivée en elle depuis son enfance comme étant une marque de sa propre générosité. Elle a finalement pu percevoir toute la cruauté qu'elle avait subie étant enfant, et le résultat est que ses attaques de migraines et ses insomnies ont disparues.

Mon livre "Chemins de Vie" était déjà dans les librairies quand j'ai entendu la tournure que ces événements avaient pris. Dans le même temps, les courriers des lecteurs qui était adressés à mon site web montraient que la plupart des femmes étaient incapables de couper les attaches qui les reliaient à leurs pères, même si il était clair dans leur esprit de la brutalité avec laquelle elles avaient été humiliées et battues. Certaines d'entre elles souffraient même de sclérose en plaque ou de fibromyalgie, de désordres et de douleurs chroniques leur indiquant qu'elles avaient été battues et la rage supprimée de l'enfant. Elle adhèrent encore inébranlablement à la conviction qu'elles aiment leurs parents et sont aimées par eux en retour. Dans l'enfance, l'acceptation et l'expression de la rage aurait impliquée de sévères punitions ou un abandon total, et la peur des conséquences dans la vie de l'enfant une fois adulte. Mais aussi tôt qu'elles réaliseront qu'elles ne sont plus en danger, elles seront capable de comprendre la situation dans laquelle elles étaient étant enfants et de se rebeller intérieurement contre les cruautés perpétrées sur elles, au lieu de continuer de pardonner "généreusement". Normalement, ça apportera un soulagement, et le corps ne sera plus obligé d'utiliser les symptômes qui sont sa seule manière de s'exprimer.

Je me suis bientôt rendu compte que les souhaits de Sandra m'ont trompés dans l'idée - comme la plupart des thérapeutes - qu'une conversation à "coeur ouvert" avec les parents peut aider à soulager les blessures infligées dans l'enfance. Aujourd'hui, neuf ans plus tard, je doute que ça puisse être vrai. Même si le père de Sandra était devenu sincère, même si il avait sincèrement reconnu ces jeux sadiques (et ça arrive rarement), il ne pourrait toujours pas la soulager du travail qu'elle a dû faire. Dans mon dernier livre "Ta Vie Sauvée Enfin" (2007), je décris ce "travail" et le processus interne que ça implique. La réalité de l'enfance ne va jamais s'en aller.
Même si ces parents étaient soudainement transformés en anges, la mémoire de leur cruauté, leur haine, leur rejet reste comme la connaissance stockée dans le corps de leurs enfants.
La tâche qui est dévolue sur les enfants maintenant adultes est de se libérer eux mêmes de cette mémoire, non en oubliant et en pardonnant, mais en acceptant la réponse logique à la torture, l'expérience de la rage qu'ils ont niés eux mêmes si longtemps. Les médicaments ne peuvent rien faire pour révéler cette vérité. Tout ce qu'ils peuvent faire est de la camoufler, souvent pour des décennies, sans apporter de véritable soulagement.

Comme Sandra, la plupart d'entre nous sont inflexibles dans le refus de croire que les parents peuvent être si cruels envers leurs enfants innocents, en dépit des faits épouvantables que nous lisons tous les jours dans les journaux.
Ce refus mène à une idéalisation trompeuse de notre propre enfance et de là à une répétition inconsciente de cette cruauté. La seule chose qui peut nous aider à abandonner cette cécité et à épargner à nos enfants le même destin est d'accepter la vérité."

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