jeudi 27 novembre 2008

"Interview d'Alice Miller de 1992", Traduction

Traduction d'une interview d'Alice Miller de 1992 en Anglais: "Interview with Alice Miller".

Une Liste des Traductions du site d'Alice Miller récapitule les documents de son site web traduits dans d'autres langues mais non disponibles sur son site web et quelques articles non référencés sur son site web.

Dans cet interview, A.Miller parle des traitements inhumains que subissent les enfants notamment lors de la naissance, et montre qu'on abuse de la technologie pour détruire ce qui est naturel, on ne veut pas d'un enfant "naturel", on veut qu'il soit conforme au souhait des parents que la société représente, on le veut conforme au "cahier des charges" de la société, des parents, on lui demande de s'adapter à la société, aux exigences des parents. On retrouve cette croyance dans la croyance au mal inné, de nature et d'origine génétique, le code génétique de l'individu permet son individualisation et son développement, c'est quelquechose de tout à fait naturel, de même que les besoins de l'enfant eux aussi naturels sont souvent réprimés, étiquetés comme étant mauvais, sâles, pas importants, etc...
Avec l'éducation on déforme l'enfant pour qu'il s'adapte à la société, comme si l'enfant était une sorte d'animal sauvage que l'éducation permet de rendre compatible avec la demande de la société qui ne veut pas tenir compte de l'enfant et s'y adapter.
Malheureusement, on oublie souvent que c'est la cruauté, la violence qui permet ce genre de dressage et d'adaptation de l'enfant aux adultes, aux parents, à la société, il n'est donc pas étonnant que cette violence refasse surface à l'âge adulte lorsque par la violence on a appris à l'enfant à "être adulte", à se conformer à cette société qui ne veut pas des enfants.

"Interview avec Alice Miller - Novembre 1992

Article original "Interview with Alice Miller" en anglais, sur le site http://www.alice-miller.com, traduction en Français par Gaël Roblin, traduction non vérifiée par Alice Miller ou son équipe.

Ces réponses ont été données à un journaliste qui a envoyé les questions pour un magazine Américain mais l'interview n'a pas pu être publiée parce qu'Alice Miller a refusée d'accepter la rédaction suggérée.

Pouvez vous décrire votre enfance ?

J' étais le premier enfant né, dans une famille typique moyenne. Mes parents ressemblaient beaucoup à leurs concitoyens. Ils n' étaient pas alcooliques. Il n'étaient pas des criminels. Ils avaient la réputation d'être de bons parents, préoccupés. Mais parce qu'ils n'avaient pas fait l'expérience de l'amour étant enfants, plutôt négligés et enveloppés dans l'hypocrisie, ils n'avaient aucune idée de quels étaient leurs devoirs envers leurs enfants. A la naissance de leur premier enfant, tout ce qu'ils connaissaient était leurs propres besoins insatisfaits. Avec l'aide de cet enfant, ils ont commencés par essayer de satisfaire ces besoins qu'ils ont dûs réprimer dans leur propre enfance, les besoins d'attention, de considération, de tolérance, de respect et d'amour, de protection, de soins, etc. Ce qui à signifié pour l'enfant que, depuis le premier, jour, elle a du apprendre à réprimer ses propres besoins.

Dans mes premiers livres j'ai écrit en réalité beaucoup à propos de ma propre enfance, sans me rendre compte que c'était ma propre expérience que je décrivais. Depuis 1985, cependant, je l'ai fait consciemment, et nombre de lecteurs ont trouvés dans mes livres nombre de détails autobiographiques. De nombreuses réactions les 12 dernières années passées, des gens de divers environnements culturels, m'ont montrées que mon enfance n'était d'aucune façon exceptionnelle. Des destinées similaires peuvent être répertoriées, comme ça apparait dans les lettres que j'ai reçu, pas seulement d'Europe et d'Amérique, mais aussi d'Australie, des Philippines, du Japon, d'Inde, du Vietnam et beaucoup d'autres pays. Pour cette raison aussi, j'ai décidé de ne pas rendre publique plus de nouveaux détails d'endroits ou j'ai grandi. Je ne voulais pas que mes révélations sur la souffrance réprimée de l'enfant en général soient rattachées à ma vie, rendant facile de les étiqueter comme étant "mes problèmes". La tendance de faire ainsi est naturellement grande comme la délivrance d'une répression est douloureuse.

L'expérience m'a montré que ma décision était juste. Quand les gens lisent mes livres ils se trouvent face à leur propre enfance. Souvent, c'est la première fois dans leur vie que leur propre histoire devient importante pour eux. Et c'est crucial. Parce qu'avant que nous ayons fait cet avancée émotionnelle nous ne savons, en principe, rien à propos de notre propre vie, même si nous connaissons les faits. Comme je le sais de nombreuses lettres, mes livres ont permis à certains lecteurs de commencer le voyage vers leur propre histoire, sans être distraits par la mienne. Et je ne veux pas détruire cet effet.


Y a-t-il eu un moment particulier ou un concours de circonstances qui vous a mené dans ce qui s'est avéré étant le travail de votre vie ?

Etant un enfant de dix ans, j'ai vécu l'ascention d'Hitler au pouvoir à Berlin. J'ai observée ahuri comment des millions de gens "civilisés" ont été transformés en une masse aveugle, remplie de haine qui avec enthousiasme ont permis à un monstre primitif arrogant de les pousser à assassiner leurs semblables. Cette expérience est restée avec moi pour toujours; et je crois aujourd'hui que j'ai passé ma vie à essayer de comprendre l'énigme d'une telle cécité si dangereuse. J'ai essayée de comprendre comment se fait-il que des gens puissent être si facilement manipulés et ou étaient les sources invisibles de leur haine latente. Même étant enfant je me suis demandée à moi-même: D'où vient la bestialité humaine ? Est-ce que les gens naissent étant des monstres ? Se peut-il que des nouveaux nés viennent au monde avec des gènes qui les font devenir des criminels ?

Bien que notre système entier de jurisprudence semble être basé sur une telle vue de la nature humaine, donnant l'impulsion au clairon à l'appel impétueux d'aujourd'hui pour la réintroduction de la peine de mort, la notion du "mal inhérent" m'a toujours semblé comme étant la croyance médiévale dans le diable et ses enfants. L'expérience nous apprend justement l'opposé. Les études ont déjà incontestablement montrées que tous les criminel sérieux ont été une fois maltraités et négligés étant enfants, enfants qui ont du très tôt dans leur vie apprendre à réprimer leurs sentiments: c'est à dire ne sentir absolument aucune compassion pour eux mêmes et, comme résultat, n'ont pas accès aux émotions de leur propre histoire. Aujourd'hui, je sais - et j'ai, dans mes livres, essayé de le prouver avec la plus grand clarté - que la destruction, et l'auto-destruction, qui domine le monde, n'est pas une fatalité. Nous les produisons en nos enfants, et la production de ce potentiel destructeur commence déjà durant la grossesse et à la naissance. La lutte désespérée d'un enfant non désiré pour le droit de vivre commence dans l'utérus, menant plus tard à l'atrophie de ses capacités à aimer et à avoir confiance en les autres, et à un mouvement inévitable vers la destruction ou l'auto destruction.

Nous pouvons mettre fin à la production du mal dès que nous arrêtons de nier les faits prouvés et la connaissance que nous avons maintenant à propos de l'enfance.

Au début de votre carrière, y a-t-il eu des influences, des mentors, des modèles significatifs ?

Quand je regarde en arrière, je ne peux trouver une seule personne qui pourrait m'avoir soutenue, et encore moins accompagnée, sur mon chemin vers la vérité. Mes anciens professeurs et collègues s'accrochent obstinément à des théories dont le caractère défensif est devenu très clair pour moi. Quand je les ai confrontés aux faits, ils ont réagis avec peur et incompréhension. Parce que mes découvertes remettaient leurs théories en question, et parce qu'ils étaient déterminés, à tous prix, à protéger le nom de Freud, ils avaient simplement choisis de ne pas comprendre ce dont je parlais.

Croyez vous qu'il y existe quelque chose comme la "nature humaine" ? Si c'est le cas, quel est selon vous la qualité de cette nature ?

Comme je l'a déjà dit, je considère tous ces discours de pulsion de mort, de pulsions destructrices ou de mal programmé génétiquement comme un échappatoire face aux faits - faits qui ont déjà été prouvés - et donc, un choix d'auto-ignorance. Les gens qui aiment déléguer leurs responsabilités au monde extérieur évitent le témoignage des faits. Ils ne se soucient pas de la vérité. Ils veulent être laissés en paix. La bonté ils l'attribuent à Dieu, le mal au diable ou à la méchanceté innée de leurs enfants. Ils croient aussi que la destinée peut être transformée par la discipline et la violence. Comment est-ce possible ? Est-ce que quelqu'un a déjà vu un seul être humain dont la capacité innée de destruction à été transformé par des passages à tabac et d'autres formes de maltraitances en quelqu'un ayant un bon caractère positif ? Il n'y en a pas un dans le monde entier. Néanmoins, les "scientifiques" s'accrochent toujours à leur croyance au mythe du "mal inné" et des millions de parents vont encore maltraiter leur enfant avec la croyance qu'ils peuvent battre la bonté en eux.Ce qu'ils créent à la place est un enfant soumis, un enfant qui ne peut pas montrer sa rage justifiée aujourd'hui, mais qui plus tard représentera impitoyablement sa colère par des actes contre les autres, dans la guerre ou contre ses propres enfants. Les seuls qui ne seront pas forcés de transmettre ces legs de destruction sont ceux qui auront rencontrés dans leur enfance ou plus tard, un témoin éclairé - quelqu'un qui peut les aider à sentir la cruauté dont ils ont souffert, la reconnaitre pour ce qu'elle est et de la condamner catégoriquement.

Et la nature humaine ? En fin de compte, c'est une question philosophique, quoique la réponse ne doit pas se trouver avec les philosophes, psychologues ou les réformateurs de l'église. La plupart d'entre eux étaient sévèrement maltraités étant enfants, mais ont réprimé leur douleur, se défendant aveuglément, comme les enfants maltraités le font depuis le début des temps, le même système qui les a fait souffrir. Martin Luther par exemple, a demandé à tous les parents de maltraiter leurs enfants, parce qu'il idéalisait les passages à tabac sans pitié que sa mère lui avait donné et voulait les voir comme étant quelque chose de positif. Calvin, le réformateur et le père spirituel de la cité de Genève, désireux de glorifier la brutalité qu'il a connu, écrit: "Le seul salut est de ne rien savoir, et de ne rien vouloir... l'homme ne devrait pas seulement être convaincu de son inutilité absolue. Il devrait faire tout ce qu'il peut pour s'humilier lui même". Le philosophe Emmanuel Kant l'a dit de cette façon: "L'homme à une tendance innée au mal. Afin de l'empêcher de devenir une bête, ce mal doit être tenu en échec". Bien que ces penseurs contredisent grossièrement la vérité, leurs opinions ont longtemps été apprises à l'université. Pour n'importe qui de sensible, il suffirait sans doute de marcher autour d'une maternité et il verrait ce qui arrive aux bébés nouveau-nés, pour comprendre quelle souffrance inutile peut causer l'ignorance et le fait d'être têtu. Un enfant va, par exemple, être tenu par les pieds, comme ça il peut respirer, nous dit on - sans que personne ne reconnaisse ça comme étant un traitement sadique. Comme aucune des personnes impliquées ne savent ce qui leur est arrivé, les sentiments du nouveau né seront totalement ignorés. Et ce malgré le fait qu'avec l'aide de lectures électroniques nous pouvons aujourd'hui voir qu'un enfant réagit à la tendresse et à la cruauté dans l'utérus. Pas juste réagir. Ils les apprend. La société fait sa première contribution au potentiel d'une personne à l'amour ou à la destruction ici; dans la façon dont elle reçoit un nouveau né au monde. L'éducation peut énormément empirer ou améliorer ce fait. Tout dépend de la capacité d'amour et de compréhension montrée par les parents de l'enfant et d'autres personnes importantes dans sa vie.

Un enfant vient au monde plein de besoins. Pour les satisfaire, lui donner le respect, la protection, les soins, l'amour et l'honnêteté, il dépend entièrement de ses parents; si ces besoins ne sont pas satisfaits et à la place, les enfants sont utilisés, maltraités et négligés, c'est facilement compréhensible, qu'ils se développent en des personnes confuses, mauvaises ou malades. Le mal est réel. Hitler était réel, donc ses actes aussi. Qui peut le nier ?

Vous semblez suggérer que pour beaucoup de parents, battre l'enfant devient une sorte de psychodrame , dans le quel leurs propres maltraitances sont ré-activées dans la brutalisation de leur enfant. Que ça arrive avec les personnes brutales qui maltraitent leurs enfants est bien connu, mais ce que j'aimerais entendre plus est comment ce phénomène de reproduction affecte la vie de millions de familles dont le travail intérieur ne perd pas complètement le contrôle mais dont la dynamique pourrait néanmoins être appelée "abusive".

En fait, j'ai décrit exactement cette dynamique dans tous mes livres, spécialement dans "Le Drame de l'enfant doué". Comme vous, j'ai pensé que quelque chose d'aussi évident que les mauvais traitements brutaux et ses effets calamiteux ne pouvait être contestés par personne. Avec le temps, cependant, j'en suis venue à voir que les plus monstrueuses attaques sur un enfant peuvent être vue comme étant sans danger, souvent par les victimes elles mêmes. Etant enfants, ils ne peuvent pas faire face à la vérité, et ils continuent de le nier une fois qu'ils ont grandis, sans savoir qu'ils n'ont pas à mourir de cette douleur. Seulement l'enfant aurait été tué par la vérité et devait donc la réprimer. Les adultes peuvent se délivrer de leur répression. En faisant l'expérience de la douloureuse vérité, ils ont aussi la chance de devenir bien.

Depuis que je connais mieux la dynamique de la répression, j'ai commencé de parler ouvertement d'abus plutôt que de formes subtiles de mauvaise utilisation du pouvoir parental. Je crois que chacun peut gagner cette perspicacité. Aujourd'hui, cependant, il me semble urgent et impératif de disséminer la connaissance que la guerre et les crimes des dictateurs sont une conséquence directe de crimes réprimés dans l'enfance. Maintenant c'est à ça que je consacre la plupart de mon attention. Précédemment, je pensais que si on parlait des formes les plus subtiles de mauvais traitements alors les formes les plus criantes deviendrait évidentes. Mais peut être n'avons nous pas avancés aussi loin. Le fait que de larges sections des médias refusent de traiter de ce sujet montre juste combien de gens ont une connaissance superficielle des abus, et ont en conséquence peur de s'approcher du sujet. D'habitude ils viennent de familles dans lequelles la critique pouvait être mortelle pour l'enfant et ils craignent encore ce danger.

Quel est selon vous le rôle de la religion dans l'éducation des enfants ? Aussi, comment la religion affecte le comportement des parents ... ? Je pense particulièrement à la façon dont la religion pourrait avoir une incidence sur l'idéologie de l'éducation des enfants ?

Les gens attirent fréquemment mon attention sur des extraits du "Nouveau Testament" qui mettent en valeur la dignité de l'enfant. Mais pour beaucoup de gens, comme nous le savons, tenir les enfants en haute estime et les sacrifier n'est pas une contradiction. En effet la bonne fois et la franchise des enfants donne fréquemment envie à leurs parents émotionellements affamés de les exploiter et d'en abuser. Jésus n'était-il pas lui même un fils particulièrement chéri et sacrifié ? En fait, je ne connais aucune religion qui condamne et interdise les maltraitances des enfants en pratique. Le respect, la compréhension et l'amour sont universellement prêchés pour les parents, sans se soucier de la manière dont ils se comportent. D'un autre coté, selon Luther, on devrait seulement aimer les enfants tant qu'ils sont obéissants et qu'ils craignent Dieu: c'est à dire tant qu'ils se nient. Les parents ont un droit inconditionnel à l'amour et au respect de leurs enfants. Dostoyevsky peut avoir écrit dans "Les Frères Karamazov" qu'un père ne devrait être aimé que si il le mérite; mais lui même à souffert d'épilepsie, parce qu'il n'était pas autorisé à savoir qu'il était lui aussi un enfant sévèrement abusé et la victime de brutalités indescriptibles de la part de son père. C'est seulement grâce à l'amour et l'aide de sa mère qu'il a pu éviter de devenir lui même un meurtrier; mais il n'a pas pu s'échapper de sa maladie.

Dans mon dernier livre, j'ai montré comment des éducateurs intelligents, ayant l'esprit religieux conseillent toujours aux gens, comme Luther l'a fait il y a 400 ans, de battre l'enfant aujourd'hui comme ça l'enfant sera demain "aimé par Dieu". Dans son livre important "Spare the Child", Philip Greven à montré comment les méthodes destructives et sadiques répandue pour faire obéir l'enfant sont toujours là, particulièrement celles dissimulées sous la cape de la religion. Ce n'est pas seulement vrai de l'obéissance Chrétienne. 100 millions de femmes islamiques vivantes aujourd'hui ont leurs parties génitales mutilées depuis l'enfance. Des millions d'enfants juifs ou arabes sont, pour le dogme, soumis à la circoncision, étant enfant ou à un âge avancé. Une telle cruauté n'est possible qu'avec le déni total de la sensibilité de l'enfant. Mais qui peut aujourd'hui sérieusement dire qu'un enfant ne ressent rien ? En Inde, des millions de filles ont été violées en tant que "jeunes mariées", et ceci au nom de la doctrine religieuse sanctionnée par le mariage. Un nombre infini de rites d'initiation, pardonnés par la religion, ne sont rien d'autre que de sadiques maltraitances de l'enfant. L'histoire de l'art abonde de telles scènes, mais personne ne sourcille. Nous avons été élevés à ne pas sentir.Aussi tôt qu'un être humain commence de sentir, cependant, d'innombrables choses vont inévitablement changer.

Certains critiques du prétendu "mouvement de l'enfant intérieur" à suggéré que la concentration sur l'enfant est une forme d'auto pitié et même de narcissisme. Comment répondriez vous à cette critique commune ?

Je ne représente aucun mouvement et donc je ne peux pas savoir à qui exactement vous faites référence. Je ne peux pas non plus prendre la responsabilité de tout ce qui est malheureusement prononcé en mon nom. Je peux seulement dire en réponse à votre question: Permettre à l'enfant en nous, dont l'intégrité à été sérieusement endommagée, d'au moins sentir et parler, ce qui lui permet de découvrir ses droits et ses besoins, ne signifie pas moins que de lui permettre de grandir et grandir encore. Permettre aux sentiments d'être accessibles à la conscience signifie mettre en mouvement un processus de croissance, d'assumer la responsabilité et le début d'un mouvement vers la conscience. Ce processus peut seulement prendre place une fois que nous mettons en question nos parents et notre société, et une fois seulement la personne, qui était jusque là aveugle à la cruauté, commence de voir. Je n'ai jamais rencontré quelqu'un pour qui ce processus ne s'est pas accompagné d'une véritable sympathie pour, et dans l'intérêt, des autres; ni quelqu'un qui n'avait pas le désir d'aider les autres en communiquant la connaissance dont il avait tiré profit. Bien sûr on peut seulement aider quelqu'un qui souhaite s'aider.

A ma connaissance, c'est précisément l'opposé du narcissisme. Le narcissique est pris au piège dans son auto-admiration et n'ose pas s'aventurer dans un tel voyage vers l'auto-découverte. Le réveil de notre propre sensibilité à ce qui nous à été fait dans notre enfance nous permet, pour la première fois, de remarquer ce qui était fait et est fait aux autres. Cette sensibilité à notre propre destin est une condition - une condition absolument nécessaire - de notre capacité à aimer. Les gens qui ont fait la lumière sur les mauvais traitements qu'ils ont reçus, qui sont fier de leur imperméabilité aux sentiments, vont inévitablement passer leurs expériences à leurs enfants ou aux autres; et cela, indépendamment de ce qu'ils disent, écrivent ou croient. Les gens qui peuvent sentir ce qui leur est arrivé, d'autre part, ne risquent pas de maltraiter les autres. Peut être ce que vous voulez dire est une personne qui se plaint constamment d'elle même, qui n'est pas cependant décidée à se confronter, et à sentir, leur réalité. Au lieu de ça, ils espèrent probablement que quelqu'un d'autre le fera pour eux - s'attendent que quelqu'un d'autre prenne finalement au sérieux l'enfant qu'ils ont eux mêmes, en fin de compte, rejeté. Mais personne ne peut le faire pour eux. Et le prix pour ce rejet, pour nier sa propre histoire, pour l'absence de sympathie pour nous mêmes est la vie elle même. Dans la critique que vous mentionnez j'entends naturellement la voix de l'enfant docile, l'enfant à qui il n'est pas permis de voir, de sentir ou d'être triste contre le comportement injuste de ses parents et, à la place, a du apprendre très tôt à voir ça comme étant de "l'apitoiement sur soi même" et à le mépriser. Mais pourquoi ne devrions nous pas souffrir de ce qui nous est infligé ? A quel but ça servirait ? N'est-ce pas une perversion choquante et extrêmement dangereuse d'un tendance humaine naturelle ? Nous sommes nés au monde en étant des être sentimentaux. Les sentiments et la compassion pour nous mêmes sont essentiels pour nous orienter nous même dans le monde. N'est-ce pas suffisant d'avoir été privés de notre capacité à sentir, de notre compassion pour nous mêmes, par des coups et l'humiliation ? Quand le champion des prétendus spécialistes de cette perversion prétend avoir une solution, cependant, il devrait être démasqué pour ce qu'il est: l'aveugle conduisant les aveugles. Hitler était aussi fier d'avoir pu compter les 32 coups que son père lui a une fois donné, sans rien ressentir. Rudolf Hoss et Adolf Eichmann ont fait des assertions similaires. Ce qui vient ensuite est assez bien connu, quoique les rapports n'ont jamais été bien compris.

Certaines personnes diront que vous avez tendance à voir la famille isolée, relativement peut affectée par l'économie, la culture et l'histoire. Que répondriez vous à cette critique ?

C'est justement ce qui me préoccupe le plus: Dans des cultures très différentes, à des époques très différentes, sous l'influence de religions très différentes, j'ai trouvé la même chose: l'abus d'enfants à une échelle massive, accompagné de répression et de déni. Ce phénomène ne peut être tracé ni à une classe particulière ou un système économique particulier. Les gens riches peuvent être des abuseurs d'enfant ou des parents aimants. Et la même chose va pour les pauvres. Seulement une chose est certaine: les gens, qui étaient des enfants respectés, vont plus tard respecter leurs propres enfants. C'est, après tout, la chose la plus naturelle du monde. La raison que les enfants soient maltraités repose seulement, et seulement, dans la répression et le déni de sa propre expérience, quelque chose que la carrière des dictateurs illustre plus qu' amplement. On m'a dit qu'il existait des cultures dans lesquelles les enfants n'étaient pas maltraités, et dans lesquelles il n'y a significativement pas de guerre. Mais je ne les connais pas bien. Si vous entendez parler d'une telle société, je serais intéressée d'avoir plus d'informations à ce sujet."

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