mercredi 25 février 2009

"Le Traumatisme de l'Enfance"

Traduction d'un article d'Alice Miller en Anglais: "The Trauma of Childhood".

Une Liste des Traductions du site d'Alice Miller récapitule les documents de son site web traduits dans d'autres langues mais non disponibles sur son site web et quelques articles non référencés sur son site web.

Cet article nous montre que les châtiments corporels, même la fessée, sont des traumatismes qui ont des conséquences sur l'enfant et le développement de son cerveau et que ce n'est pas un mal pour un bien, contrairement à une idée répandue.

Et contrairement à ce que prétendent certains psys connus et médiatiques, ce n'est pas en faisant comme si de rien n'était que l'on permet à l'enfant de s'en sortir, mais au contraire en lui permettant d'être écouté et entendu, en lui permettant de reconnaitre ce qu'il a subis et de ressentir ce que ça lui a fait, ses souffrances.


"Le Traumatisme de l'Enfance

Mardi 01 Juin 1999

Tant qu'ils sont aimés, les enfants peuvent se remettre de l'abus et même de l'horreur de la guerre.

4 Juin 1999 | Nous n'arrivons pas dans ce monde en étant « purs ». Chaque nouveau bébé vient au monde avec sa propre histoire, l'histoire des neufs mois entre sa conception et sa naissance. En plus, les enfants ont l'empreinte génétique dont ils héritent de leurs parents. Ces facteurs peuvent aider à déterminer quel type de tempérament un enfant aura, quelles inclinaisons, dons et prédispositions.

Mais le caractère dépend crucialement du fait que l'on donne à une personne l'amour, la protection, la tendresse et la compréhension ou si elle est exposée au rejet, à la froideur, à l'indifférence et à la cruauté dans ses premières années formatrices. Le stimulus indispensable pour développer la capacité d'empathie, est disons, l'expérience de soins protecteurs. En l'absence de tels soins, quand un enfant est forcé de grandir en étant négligé, privé émotionnellement et sujet aux abus physiques, il ou elle perdra cette capacité innée. Quand j'attribue une immense signification aux expériences des petits enfants dans leurs premiers jours, semaines et mois de leur vie, pour expliquer leur comportement ultérieur, je ne veux pas affirmer que les influences ultérieures n'ont aucun effet. Si un enfant traumatisé ou négligé peut plus tard être amené à connaître ce que j'appelle un « témoin secourable » ou un « témoin éclairé », il ou elle peut évoluer positivement avec les effets de ce traumatisme de l'enfance.

Nous savons aujourd'hui que le cerveau avec lequel nous somme nés n'est pas le produit finit que l'on croyait qu'il était. La structure du cerveau dépend en grande partie des expériences des premières heures, des premiers jours et des premières semaines de la vie de quelqu'un. Au cours des dernières années, les recherches scientifiques dirigées par le neurologiste et le psychiatre Dr. Bruce D. Perry. ont établies que les enfants traumatisés et négligés montrent de sévères lésions affectant jusqu'à 30 pour-cents des zones du cerveau qui contrôlent nos émotions. Les sévères traumas infligés sur les petits enfants mènent à une augmentation des libérations d'hormones de stress qui détruisent les neurones existants, et nouvellement formés et leurs inter-connections.

Les dernières révélations à propos du cerveau humain auraient pu provoquer un changement radical dans notre réflexion au sujet des enfants et de la façon dont nous les traitons. Mais les vieilles habitudes ont la vie dure. Beaucoup de gens croient maintenant que ça prend aux moins deux générations pour les jeunes parents de se libérer du fardeau hérité de la « sagesse » et de stopper de battre leurs propres enfants, deux générations jusqu'à ce qu'il devienne purement impossible de donner un coup à l'enfant « par inadvertance », deux générations avant que le poids du savoir nouvellement acquis bloquent la main levée pour éviter le coup « irréfléchi ».

Nous somme souvent confrontés à la croyance que les effets des châtiments corporels sont salutaires plutôt que nuisibles. Mais la seule chose qu'un enfant battu apprend est à avoir peur de ses parents, pas de se conduire correctement et de rester à l'écart des ennuis. Ils se sentiront coupables et apprendront à minimiser leur propre douleur. Etre sujet à des attaques physiques contre lesquelles ils sont sans défenses instille à l'enfant la conviction qu'il ne mérite ni le respect ni la protection. Ce faux message est alors stocké dans le corps de l'enfant en tant qu' information et va influencer leur vision du monde et plus tard leur attitude envers leurs propres enfants. De tels enfants vont être incapables de défendre leur droit à la dignité humaine, incapables de reconnaître la douleur physique comme un signal de danger et d'agir en conséquence. Même leur système immunitaire peut être affecté.

En l'absence d'autres personnes sur lesquelles prendre exemple - un témoin éclairé ou secourable - ces enfants vont voir le langage de la violence et de l'hypocrisie comme les seuls moyens efficaces de communication. Comme si ce n'était pas assez, ils utiliseront cette langue eux mêmes quand ils grandiront car les adultes choisiront de garder réprimés les sentiments d'impuissance déjà supprimés.

Le trauma vécu par les enfants Kosovar peut être dépassé si ces enfant reçoivent l'attention adéquate de leurs parents, ou, en l'absence de parents, d'un autre adulte. Ces enfants ont besoin de savoir qu'ils sont aimés et que quelqu'un comprend leurs peurs. La guerre – un trauma qui est partagé par une communauté entière – ne mène pas un enfant à la destructivité si il peut partager ce qu'il ressent avec quelqu'un. Ce qui rend une personne dangereuse plus tard dans la vie est l'isolation de la douleur et de la peur, l'impossibilité des parents ou d'autres personnes s'occupant de l'enfant de voir et de comprendre combien un enfant se sent mal.

Avec les enfants Kosovar, les parents comprennent parfaitement la détresse de leurs enfants et peuvent essayer de les aider parce qu'ils vivent la même douleur. En fait, le monde entier semble désirer aider, chacun est conscient des traumas. D'un autre coté, l'isolation d'un petit enfant dans la douleur à l'intérieur d'une famille peut laisser des traces dans le cerveau qui sont liées à des comportements violents ou agressifs plus tard.

La protection et le respect pour les besoins d'un enfant sont surement des choses que nous devons être capables de garantir pour acquis. Mais c'est loin d'être le cas. Nous vivons dans un monde peuplé d'individus qui ont grandis privés de leur droits, privés de respect. Une fois adultes ils tentent alors de regagner leur droit par la force (le chantage, les menaces, l'utilisation d'armes). La société semble voir la haine comme innée, c'est à dire donnée par Dieu. C'est une société qui refuse de voir que nous continuons la production de la haine en inculquant des modèles de violences à nos enfants, des modèles de comportements qui peuvent se révéler plus forts que tout ce qu'ils peuvent apprendre plus tard.

Les Nations Unies ont appelées à déclarer les années 2000-2010 la décade pour la culture de la non violence. Cela ne peut pas être réalisé seulement par de belles paroles . Nous devons être un exemple pour nos enfants – ceux qui décideront a quoi ressemblera le prochaine génération – et leur montrer que la co-éxistence et la communication sans violence sont possibles. Je crois qu'il y a déjà un grand nombre de parents qui sont déjà conscients de l'immense portée de leur propre comportement. Il est réaliste d'espérer que cette connaissance va conduire à une augmentation du nombre de « témoins éclairés » et de là à une amélioration rapide du traitement des enfants partout dans le monde."

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