vendredi 13 avril 2012

Critiques du Livre "Libres de Savoir"


Traduction des critiques du livre "Libres de Savoir" d'Alice Miller (Lire gratuitement un extrait du début du livre).

Note: la première critique est déjà traduite ici, parce que cette critique a été aussi publiée comme article indépendant sur le site d'Alice Miller.



Stephen Khamsi, IPA Newsletter, Printemps 2002


Tu T'en Apercevra: une critique de "Libres de Savoir" - Dépasser l'aveuglement émotionnel et trouver son véritable moi adulte.


Le terroriste, le meurtrier de masse, l'anorexique...

Au tout début de l'histoire de l'humanité, bien avant les 10 commandements, nous a été présenté un commandement suprême et destructeur. "Tu ne sera pas conscient de ce qui t'a été fait ou de ce que tu a fais aux autres." Pour des milliers d'années, ce "commandement de l'ignorance" a déterminé notre éducation, notre façon de nous occuper de nos enfants, et nous a interdit de décrire la différence entre le bien et le mal. Et comme le mal est appris et pas inné, il est reproduit avec chaque nouvelle génération. Quand nous nions les blessures de notre enfance, nous les infligeons à la prochaine génération - jusqu'à ce que nous agissions en faveur de la connaissance. "Nous ne pouvons être libre qu'en connaissant la vérité."

Alice Miller continue d'impressionner et d'inspirer. Libres de Savoir (NDT: "The Truth Will Set You Free" ou "La Vérité Te Libérera" en anglais) nous met au défi de réfléchir sur nos secrets et nos lacunes. Alice Miller expose l'un des secrets les plus honteux de la société - que nous sommes "émotionnellement aveugles" envers les abus dont on soufferts les prisonniers de l'enfance. Des enfants innocents, quelque soit leur pays, leur classe, ou leur génération, sont négligés, humilités et abusés (NDT: Voir: Géographie de la Violence Educative). Des petits enfants ne peuvent pas survivre à de telles vérités et ne peuvent que les reprimer. Mais, parce que "le corps n'oublie jamais", notre marmite de douleur bouillonne dans l'inconscient.

Heureusement, pour ces jeunes victimes, des défenses psychologiques offrent des protections partielles contre la douleur et l'anxiété. Mais les traumatismes réprimés de l'enfance laissent des barrières mentales, un vide intérieur, et les barrières émotionnelles qui les poussent à faire du mal à eux mêmes ou aux autres. Ces jeunes victimes deviennent les suicidaires et les psychopathes, les criminels et les tueurs, les prostitués et ceux qui se mutilent... aussi bien que les parents de tous les jours qui nous abusent "pour notre bien". Tous sont piégés dans des compulsions inconscientes pour remettre en scène leur enfance traumatique destructrice sur eux mêmes et les autres.

A travers son travail, Alice Miller questionne la Bible. Elle note que la Bible contient beaucoup de choses vraies, mais aussi beaucoup de "pédagogie noire". Nous devons avoir le courage de manger la pomme de l'arbre du savoir, pour questionner ce qui est illogique. Est-ce que l'obéissance est une vertu ? Est-ce que la curiosité est un péché ? Est-ce que l'ignorance du bien et du mal est un état idéal ? A.Miller soutient qu'il est de notre devoir de surmonter les plaies de l'enfance et d'acquérir la connaissance - en dépassant nos défenses et notre "aveuglement émotionnel" - pour que nous connaissions la différence entre le bien et le mal, et par conséquent devenions plus responsables de nos actes. Nous sommes aussi responsables des générations futures, donc nous devons aimer et protéger tous les enfants, qu'importe l'hostilité, la condamnation, ou l'ostracisme que nous pouvons rencontrer.

Mais comment pouvons nous dépasser notre "aveuglement émotionnel" ? Pas avec les médicaments, pas avec la méditation, pas avec des exercices de relaxation. Seulement en prenant le chemin de la découverte de soi, dans lequel nous somme confrontés aux traumatismes de l'enfance et nous découvrons nos émotions précoces. Raconter l'histoire de notre enfance nous permet de casser les murs et de retrouver la connaissance bannie - mais seulement en la présence d'un témoin éclairé. Nous bénéficions de simples régressions, et même d'aperçus momentanés, de nos expériences infantiles. Une image de notre enfance émerge graduellement. Et quand nous découvrons nos vérités personnelles, nos regagnons notre vitalité, notre sensibilité, et notre capacité à aimer.

Beaucoup de ces idées, suggère A.Miller, sont supportées par les récentes recherche du cerveau. Il y a de nouvelles connaissances sur les défenses psycho-biologiques et sur les dommages causés aux individus par le stress, le traumatisme, la négligences [NDT: Voir les livres en français: "La fessée, question sur la violence éducative" et "Oui, la nature humaine est bonne" d'Olivier Maurel qui nous parle aussi de ces découvertes scientifiques ignorées du grand public sur la nocivité des claques, fessées et autres châtiments corporels précoces]. Elle crédite Joseph LeDoux, Debra Niehoff, Candace Pert, Daniel Schacter, et Robert Sapolsky pour la découverte que les émotions laisse des "traces indélibiles" dans le corps dès l'enfance.

Mais en dépit de ces découvertes scientifiques, nous avons encore à changer la façon dont on traite les enfants. A.Miller espère que la législation et l'éducation parentale peuvent et vont réduire la violence contre les enfants. Ce "principe de précaution" va causer des changements par étapes à notre mentalité et à notre société. De telles législations sont déjà en place en Suède, Allemagne et en Afrique du Sud (NDT: Voir: L'Abolition Légale des Châtiments Corporels des Enfants).

Grâce à ce nouveau livre important, nous nous rappelons des précédents éclairages fondateurs d'Alice Miller: que chaque criminel a été humilité, négligé, ou abusé dans l'enfance (NDT: Voir Adolf Hitler: Comment un Monstre Peut Il Réussir à Aveugler une Nation ? et Les Conséquences Politiques de l'Abus de l'Enfant ); que seulement les gens battus étant enfants ressentent la compulsion de battre leurs propres enfants; et que les pires tyrans ont des enfances marquées par une extrême cruauté et de très graves humiliations. Ils n'avait pas de personnes dans leur entourage leur offrant de l'empathie, de témoins éclairés (NDT: Voir Le rôle décisif des témoins lucides dans notre société). Les dictateurs comme Hitler, Stalin, Ceaucescu et Mao, par exemple, ont inconsciemment réengagés leurs situations d'enfance sur la scène politique. Ils se sont défendus de leur douleur en premier avec le déni, et ensuite à travers l'idéalisation de leurs parents. Ils glorifient la violence et parfois même prennent leur revanche sur des nations entières et des gens comme une manière de se venger de la cruauté qu'ils ont subis autrefois. A un niveau très important, c'est l'aveuglement de la société à la douleur et à la rage de l'enfance qui rend les guerres possibles.

Il est aussi inclus dans ce livre des courtes critiques de l'évitement de l'enfance dans six champs - la médecine, la psychothérapie, la politique, le système judiciaire, la religion et la biographie. Plusieurs nouvelles études de cas (incluant le psychanalyste Harry Guntrip) apparaissent et d'importants éclaircissements sont offerts sur les châtiments corporels, les troubles alimentaires, et la circoncision. Pour terminer, de nouveaux livres et des sites sont recommandés aux lecteurs.

Stephen Khamsi, a pratiqué la thérapie primal en Californie du Nord depuis 1977, et il enseigne la psychothérapie au niveau collégial.




John A. Speyrer, Primal Psychotherapy Page

"Si vous demeurez dans mes paroles, alors vous êtes de mes véritables disciples; et vous devez savoir la vérité, et la vérité doit vous rendre libre." - John 8:31-32

Alice Miller a écrit un autre livre et vous pouvez lire son prologue engageant sur son site web gratuitement [NDT: http://www.alice-miller.com/livres_fr.php?page=10a]. Elle commence par nous dire qu'enfant elle a questionné la Bible. Pourquoi Dieu a t-il interdit à Adam et Eve d'acquerir la connaissance en leur interdisant de manger le fruit de l'arbre de la connaissance ? L'acquisition de la connaissance ne devrait pas être accompagné avec de telles pénalités. Pourquoi Dieu fut à la fois aimant et ensuite vengeur ?

Il semblait plus maladroit que ces créatures humaines. Pourquoi le premier couple a-t-il été puni si sévèrement pour la désobéissance; pour avoir eu de la curiosité naturelle. Il lui a été expliqué que la Genèse était symbolique. Elle a voulu savoir le symbole de quoi. Alice Miller a déterminé tôt dans sa vie que la bible a été écrit par les hommes; probablement des hommes qui avaient été maltraités par un parent. C'était son explication du comportement sadique de Dieu comme décris à traver l'ancien testament.

[...]

Dr.Miller discute du concept qui domine que certains d'entre nous sont nés "mauvais". En dépit de preuves écrasantes, ce mythe, écrit-elle, refuse de disparaitre. Elle croit que "La capacité d'empathie ... ne peut pas être développée en l'absence de personnes qui prennent soin de l'enfant." Et les effets de besoins essentiels insatisfaits ne sont pas tous psychologiques depuis que les biologistes ont déterminés que des enfants sévèrement traumatisés ont des "sévères lésions affectant 50 pour cents" de leurs cerveaux. Psychologiquement, ces adultes ont un besoin de réagir à la violence qui leur a été faite dans leur enfance. Ceci est, comme le pense le Dr.Miller, est l'origine de la psychopathie individuelle - une personne avec peu de sentiments et pas de conscience.

En dépit de l'abondante connaissance scientifique qui explique la sociopathie, il y a pourtant dedans un évitement des implications de ses découvertes. A.Miller consacre une grande partie de son livre à examiner pourquoi cette évitement dans certaines parties importantes de notre société ou les professionnels devraient apparemment mieux la connaitre. Chacune de ses parties est examinées en détail et contient des cas historiques qui supportent ses conclusions. Ces évitements, écrit-elle, existent dans le champ de la médecine, de la psychothérapie, de la politique, judiciaire, de la religion et de la littérature biographique.

L'Evitement de la Vérité dans la Médecine et les Médias

Au lieu de prendre en compte les sentiments en ayant l'opportunité d'en parler, on nous donne des médicaments pour les rendre silencieux. Il existe depuis longtemps des thérapies qui permettent aux patients de découvrir les sentiments réprimés (refoulés) qui conduisent leurs symptômes, mais nous n'en entendons jamais parler dans les médias. C'est comme si ces découvertes n'étaient pas importantes. Dr.Miller croit que l'une des raisons est que ça placerait le blame publiquement sur les parents. A cause de ce tabou, beaucoup de gens demandant de l'aide ne la reçoivent pas.

Même si des médecins empathiques ont le temps d'écouter leurs patients, la plupart manque de compréhension envers le langage des émotions. Les docteurs ont une peur inconsciente de découvrir les blessures de leur propre enfance ce qui les empêche de devenir utiles à leurs patients alors qu'ils le pourraient.

Elle pense que pour réussir à guérir ce dont on a besoin est d'une confrontation interne des abus réprimés très jeune et de découvrir les défenses enfermant ces souvenirs. A.Miller pense que si un médecin s'intéressait au moins aux histoires personnelles de ses  patients ça pourrait aider. Même la reconnaissance de ses propres limitations et une certaine connaissance de la médecine psychosomatique
peut être d'un certain bénéfice. La généralisation de la connaissance de la réalité de l'enfance de la plupart des gens devrait être intégrée au cursus médical. A l'heure actuelle, au détriment du patient, cette information est plus ou moins complétement ignorée.


Comment la connaissance de la réalité de la misère de l'enfance est éludée en psychothérapie

Quand on pense à la psychothérapie on pense aux sentiments de l'enfance. Mais ce n'est pas toujours comme ça, écrit Alice Miller [NDT: Les Dangers des Thérapeutes Incompétents]. A la place beaucoup d'école de thérapie tendent à éviter ces sentiments autant que possible. Certains thérapeutes pensent que de telles informations peuvent être nuisibles parce qu'alors leurs patients peuvent commencer de se voir comme des victimes. Ils ne veulent pas encourager le syndrome du "pauvre de moi" et croient qu'il est mieux et plus noble de les considérer comme des adultes responsables en dépit de leur réalité. Le moins qu'ils devraient attendre d'une thérapie est de comprendre pourquoi ils se sentent comme si ils étaient victimes. Trop de psychiatres se précipitent pour donner de médicaments au lieu d'explorer le passé des patients [NDT: Les Anti Dépresseurs].

Dr. Miller ne supporte pas le mélange de médicaments et de thérapie parce qu'elle pense que la médecine interfère avec l'intérêt des patients dans la réalité de leur passé. Même les spécialistes du Syndrome de Stress Post Traumatique se raccrochent beaucoup trop aux médicaments.

Alors l'auteur insiste sur le fait que tout le monde n'a pas besoin d'aller dans de profondes régressions. La plupart ont seulement besoin "d'aperçus momentanés de la réalité de leur enfance" pour aller mieux. Comprendre ses sentiments réprimés très tôt peut fournir une opportunité pour grandir, écrit Alice Miller.

Comment les positions idéologoqiques politiques sont affectées par l'abus précode de l'enfant

Dans cette section Alice Miller examine l'enfance et les parents d'Adolph Hitler [NDT:Adolf Hitler: Comment un Monstre Peut Il Réussir à Aveugler une Nation ?"]. L'auteur pense que le début de l'enfance de beaucoup les incite à rechercher un but politique d'ou ils peuvent avoir l'opportunité de projeter les injustices de leur milieu familial (leurs parents) sur leurs sujets.  L'auteur croit que le "racisme, l'anti sémitisme, le fanatisme religieux et les génocides" peuvent tous être liés à du rejet et de la cruauté parentale précoce.

Outre l'utilisation d'études de cas pour illustrer ses observations le livre contient aussi de courtes mais excellentes observations des vies et de l'enfance de Staline, St Augustine, Gorbachev, Le Pape Jean Paul, Milosevic, des familles équatoriales Africaines, Rudolf Höss, Frank McCourt et le psychanalyste Harry Guntrip. 

Le Système Judicaire Comme Conteneur pour les Comportements Répréhensibles

L'endroit qui comprend le système pénal est l'un de ceux dans le quel ses professionnels semblent avoir un besoin extraordinaire de nier la réalité des souffrances précoces de l'enfance. Pourquoi ces gens deviennent criminels est une question qui est trop peu posée par ceux qui travaillent dans ce système. Même les psychothérapeutes en prison n'utilisent pas l'opportunité qu'ils ont de vraiment aider ceux qui sont à leur charge. L'orientation vers le présent est le mot clé plutot que de mettre l'accent sur la découverte du passé. L'auteur estime que le changement de cette priorité pourrait empêcher de nombreuses récidives.


Pourquoi l'Eglise Reste Silencieuse ?

L'auteur pense que les écoles de beaucoup de confessions religieuses justifient l'utilisation de pratique sadiques comme si elles étaient des révélations de Dieu. Alice Miller a écrit une lettre au Pape Jean Paul pour lui demander d'exhorter les catholiques du monde entier à ne pas punir physiquement leurs enfants (Pour une copie du courrier au Pape et aux leaders du monde entier, consultez son site web [NDT: http://www.alice-miller.com/lettresouvertes_fr.php et les lettres ouvertes traduites en français dans la page articles: http://alice-miller.blogspot.fr/2011/03/les-articles-du-blog.html ] ).

Elle a écrit dans "Libre de Savoir'" sur la réponse inadaptée qu'elle a reçue du Vatican. Elle ne s'attendait pas à une proclamation par l'église dans l'espoir de changer l'attitude des parents dans l'éducation des enfants, mais recherchait au minimum une forme de reconnaissance par l'église de la gravité du problème. A.Miller se demande pourquoi son appel a été ignoré. Elle se demande "Pourquoi choisissent-ils d'ignorer les sources qui leur ont été indiquées ?" Elle pense que les catholiques "...  "acceptent l'attitude autoritaire de l'église parce que c'est quelque chose avec lequel ils ne sont que trop familiers de part leur propre enfance."

Les gens à qui ont a appris à obéir sans poser de question sont ceux qui "montrent une volonté étonnante d'épouser les plus absurdes idéologies de sectes religieuses, de groupes néos-nazis, ou de communautés fondamentalistes, et vont commander les autres (l'ordre est indispensable !)  en ne trouvant rien à redire à la destruction de la vie humaine et à l'atteinte la dignité humaine." Ceci a été écrit avant les attentats du 11 Septembre 2001 sur les Etats Unis mais ses déclarations expliquent bien les origines ultimes de ces événements catastrophiques ! Nous connaissons déjà les sources de la violence. Combien de temps ça va prendre pour changer les pratiques dans l'éducation des enfants ?

Alice Miller pense que l'église et le gouvernement ont peur d'amener le sujet de la violence dans l'éducation parce qu'ils ne veulent pas perturber leur congrégation et leur électeurs. Peut être, ecrit-elle s'agit il d'une peur inconsciente des châtiments de leurs parents !  Elle pense qu'il existe des prêtres qui individuellement connaissent et comprennent les dernières vérités scientifiques. A.Miller écrit comment St Augustin est connu pour son amour de Dieu, et qu'il était capable de surmonter les coups reçus quand il était un petit enfant. Cependant il est vrai qu'il a encouragé à battre les enfants et écrit sur comment les enfants étaient naturellement mauvais. Il a rejeté son seul enfant qui était "né du péché" et certains pensent que St Augustin à probablement causé la mort précoce de son fils.

Les Auteurs Myopes de Biogaphies

Alice Miller déplore la réalité qui est que généralement ce ne sont que les psychohistoriens qui examinent les détails de l'enfance des sujets de leurs biographies. Des millers de livres ont été écrit sur les vies d'Hitler et de Staline mais les auteurs ont presque complétement ignorés le sujet de l'enfance. Même si ils mentionnent des éducations cruelles ils ignorent le plus souvent ces implications potentielles horribles.

A.Miller compare l'éducation de Staline et de Gorbatchev. Staline était l'enfant d'un père alcoolique qui battait quotidiennement son seul fils. Sa mère était distante et ne lui offrait pas de soutient. Elle était sortie de la maison très souvent. A la tête du gouvernement communiste sa paranoia a directement résulté en la mort de millions de personnes qu'il suspectait faussement d'être des traitres et donc des ennemis à son bien être. A.Miller écrit que peut être si Staline avait su la véritable origine de sa méfiance envers les autres, des multitudes de gens auraient été sauvés de l'emprisonnement, de la torture et de la mort.

Gorbatchev, d'un autre coté, était d'une famille qui n'avait pas pour tradition de battre les enfants. Sa carrière dans le gouvernement a été marquée par le respect pour les autres, une ouverture relative et un manque d'hypocrisie. L'auteur estime que bien que la famille de Gorbachev était très pauvre, ses besoins précoces d'amour et d'affection ont été satisfaits. Elle écrit "La pauvreté peut ne pas avoir d'effet négatif sur le caractère d'un enfant aussi longtemps que l'intégrité personnelle de l'enfant n'est pas endommagée par l'hypocrisie, la cruauté, l'abus, les châtiments (punitions) corporelles, ou l'humiliation psychologique."

Dans la récente littérature auto biographique il y a eu dernièrement un tendance à idéaliser sa propre éducation précoce. Alice Miller écrit que même si un certain réalisme est exprimé dans de tels écrits la douleur et la souffrance endurée sont faites pour apparaitre moins significatives qu'elles ne l'étaient vraiment. Aucune rébellion n'est affichée. Même si il est décrit des humiliations et des souffrances, elles sont souvent minimisées.  Dans "Les Cendres d'Angela", Frank McCourt décrit de telles injustices à vous briser le coeur en détail, mais la tragédie dont lui et ses frères et soeurs ont été victimes est écrite sur le mode humoristique ce qui le prive lui et ses lecteurs de son importance. Les biographes négligent ainsi une importante manière d'informer leurs lecteurs sur la véritable connaissance de l'origine de tellement de souffrances dans le monde.

***

En répondant à la question de ce qui est l'aspect le plus important d'une psychothérapie aujourd'hui, l'auteur répond que c'est "la reconnaissance émotionnelle et cognitive de la vérité" en ce qui concerne nos souffrances actuelles et l'importance de la présence d'un "témoin éclairé" pour nous aider à réduire ces souffrances. A.Miller définit un "témoin éclairé" [NDT: Le rôle décisif des témoins lucides dans notre société] comme "des thérapeutes qui ont le courage de faire face à leurs propres histoires et par ce fait de gagner leur autonomie plutot que de recherche à compenser leur propre sentiments réprimés d'innéficacité en exerçant du pouvoir sur leurs patients." Les thérapeutes ne devraient pas être neutres, elle insiste, mais à la place du coté de leur client dans la défense de l'enfant qu'ils étaient alors.


Donc, comment découvrir qui nous étions alors ? Comment découvrir nos histoires ? Même sans psychothérapie certaines personnes sont capables de se libérer elles même de leurs répressions et de leurs projections. Dans le chapitre intitulé "Percées vers sa Propre Histoire" [NDT: En Anglais: "Talking It Through"], elle examine comment les autres ont "mis dehors" leur douleur de l'enfance en thérapie, simplement en comprenant l'origine de leur tristesse. Si seulement c'était facile ! Peut être que pour ceux avec de simples névroses - ceux qui n'étaient pas gravement endommagés - des changements comportementaux peuvent être faits relativement facilement.

 (...)

 Alice Miller termine son livre avec un épilogue, continuant son dialogue avec le problème posé par l'arbre de la connaissance de la genèse. Nous devons prendre une décision, ecrit-elle, en faveur de la connaissance. Nous devons être capables de reconnaitre à la fois le mal qui nous a été fait et celui que nous faisons à nos enfants.

A.Miller décrit l'image de la famille de Jésus comme idéale. Aimé même avant sa naissance, Marie et Joseph se voyaient comme ses servants. Le résultat ne fut pas un enfant turbulant et égoiste. Au contraire, il est devenu obéissant, conscient et empathique. Elle écrit, "L'image de Dieu amusé par des enfants qui ont reçus de l'amour est un miroir de leurs toutes premières expériences. Leur Dieu va comprendre, encourager, expliquer, transmettre des connaissances et être tolérant envers les erreurs. Il ne va jamais les punir pour leur curiosité, étouffer leur créativité, les séduire, leur donner des ordres incompréhensibles, ou implanter la peur dans leurs coeurs."  

Malheureusement, les hommes d'église, eux mêmes privés d'une enfance heureuse ne pouvaient pas suivre ces valeurs comme les Croisades et l'Inquisition l'ont clairement montré plus tard. "Deux mille ans après le Christ, nous pouvons en fait dire que ces enseignements ont encore à trouver leur chemin dans l'église." Les enfants élevés dans l'amour "seront immunisés contre les enseignements de ces auteurs bibliques qui représentent leur père comme un Dieu jaloux, imprévisible et injuste, voir carrément cruel".


Mais les enfants forcés à oublier la cruauté née de l'irresponsabilité et de l'indifférence de la part de leurs parents sont en danger d'adopter aveuglément cette attitude eux mêmes et de rester embourbés dans l'idéologie fataliste qui déclare que le mal doit dominer le monde. Une fois adulte ils vont retenir la perspective de l'enfant sans défense qui n'a pas d'alternative que de venir à bout de son destin. Ils ne vont pas savoir que, paradoxalement, ils peuvent seulement sortir grandis de cette attitude d'enfant si ils perdent la crainte de la colère de Dieu (leurs parents) et sont prêts à se renseigner sur les conséquences destructrices des traumatismes réprimés de l'enfance. Mais si ils deviennent conscients de cette vérité, ils vont retrouver leur sensibilité perdue pour la souffrance des enfants et se libérer de leur aveuglement émotionnel. - p.190.



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