mardi 13 janvier 2009

"Le Contrôle et l'Innocence de l'Enfant", Traduction

Traduction d'un article de Bob Scharf en Anglais sur le site d'Alice Miller: "Control and the Innocence of the Child".

Une Liste des Traductions du site d'Alice Miller récapitule les documents de son site web traduits dans d'autres langues mais non disponibles sur son site web et quelques articles non référencés sur son site web.

"Le Contrôle et l'Innocence de l'Enfant

dimanche 01 Avril 2001, par Bob Scharf

Le besoin de contrôler

Il y a certainement parfois des moments ou il est important qu'on contrôle ce que l'on peut. Cependant, c'est très courant que les gens sentent le besoin de contrôler quand ce n'est pas nécessaire ou impossible. Un exemple simple est de presser un bouton d'élévateur qui est déjà allumé ou faire des chassés dans le trafic pour arriver à destination quelques secondes plut tôt. Le conducteur se sent frustré en étant derrière un automobiliste se déplaçant lentement et doit passer, de peur que l'automobiliste lent ne dicte l'allure.

Nous avons tous vu des patrons créer des règles arbitraires pour contenir leurs propres peurs irrationnelles. J'ai vu un manager fermer une sortie durant la dernière heure de travail comme mesure pour prévenir le vol. Cette mesure a mis en danger la sécurité en ne faisant rien pour prévenir les gens de faire de la contrebande d'articles en les sortant de l'immeuble avant la dernière heure de travail.

J'ai connu des gens qui prenaient des médicaments qu'il savaient inefficaces parce qu'ils sentaient qu'ils « devait faire quelque chose » . Le lecteur peut facilement penser à des exemples ou les gens prennent des mesures sans efficacités plutôt que de ne rien faire à cause du besoin puissant de se sentir contrôler une situation.


L 'illusion de contrôle

Ce que font ces gens n'est pas vraiment prendre le contrôle – ce qui n'est souvent pas possible - mais créer l'illusion de contrôle. C'est le but de beaucoup de superstitions, particulièrement ceux regardant la « chance ». Les exemples incluent toucher du bois quand on parle d'événements favorables, éviter les « mal chances » comme passer sous une échelle et d'autres superstitions concernant « la chance ». A cet égard, il y a une superstition intéressante au sujet du baseball.

Lorsqu'un lanceur n'a pas réussi une frappe, certains prétendent que mentionner ce fait pourrait mettre en danger les résultats futurs de ce lanceur. Autrefois les annonceurs et les fans de baseball prenaient cette superstition au sérieux et s'abstenaient de commenter ce fait.

J'ai vu des supporters en venir au mains et mettre fin à des amitiés perpétuelles parce que l'un d'entre eux n'a pas honoré cette tradition.

Evidemment, il y a plus en jeu ici que le résultat d'un jeu de base ball. Les superstitions de ce type étendant l'illusion de contrôle. Il autorise « dans le fantasme » pour un fan de base ball d'imaginer qu'il porte le destin du « lanceur » dans ces mains. Les superstitions produisent aussi de l'inquiétude. La personne qui casse un miroir et imagine que la malchance suivra ne sera pas à l'aise.

Laissez nous souligner ces deux tendances importantes qui font parties de superstitions incluant la chance et le contrôle de la chance: ils représentent une anxiété omniprésente à propos de l'existence et de ses illusions et une manière illusoire de combattre cette anxiété. Nous notons que ça met l'individu au centre de l'univers. C'est à dire, selon la façon superstitieuse de voir le monde, les mauvaises choses n'arrivent pas aux gens aléatoirement; mais parce qu'ils ont échoués à les parer.


La Fondation de la Pensée Religieuse

Une telle pensée superstitieuse est la fondation de la pensée religieuse. Dans la tradition Judéo – Chrétienne, c'est une nature coupable qui provoque un Dieu juste qui impose la punition pour maintenir l'équilibre moral. A l'Est, l'idée d'un Karma repose sur la même chose. Quand la religion et la philosophie parlent de donner un sens au monde, cela veut dire souvent rejeter l'idée que les choses arrivent simplement et offrir la notion qu'elles arrivent pour une raison. Cette raison implique habituellement la responsabilité de l'individu ou des individus. Que ce soit une tragédie personnelle ou un désastre naturel, les gens imaginent que c'est du à leur transgressions – dans le sens être indigne.


Le Sens d'Etre Indigne


Qu'est-ce qui alimente ce sens d'être indigne ? Qu'est-ce qui alimente le besoin de l'illusion de contrôle et le sentiment que quelqu'un est responsable de la malchance ?

Je crois que ce sont des projections de la relations parents-enfants. C'est bien connu que l'enfant abusé doit se blâmer lui même plutôt que ces parents. L'enfant qui est menacé par l'abus parental a besoin de sentir que le parent n'est pas vraiment hostile et dangereux. L'enfant à la place imagine que l'abus est un résultat du propre comportement de l'enfant ou de son infériorité. C'est beaucoup moins douloureux. Si l'enfant pouvait voir la situation clairement, l'enfant saurait que l'abus parental est un produit des propres problèmes des parents, rien à voir avec l'enfant. Cela impliquerait encore la reconnaissance que le parent pourrait en effet détruire l'enfant, comme les parents le font souvent.

Pour déconnecter cette peur, l'enfant imagine que les parents sont bienveillants et que l'enfant mérite l'abus que le parent inflige. Cela crée l'illusion de contrôle.

Une fois adulte, l'individu continue d'expérimenter ce conflit sous la forme des croyances dont nous avons discutés ci dessus: les superstitions concernant un monde dangereux et hostile que chacun peut combattre en effectuant des actions ou en devenant différent de ce que nous sommes.

Cela informe sur les croyances religieuses et les convictions du monde politique qui imaginent que la société est juste et que c'est une méritocratie dans laquelle les gens obtiennent ce qu'ils méritent - la croyance en un monde juste.

Nous avons noté que, d'une part, cette conception est une défense contre l'impuissance parce que l'on semble toujours avoir un recours. Ca peut être trouvé dans la prière ou d'autre formes de progrès personnels. D'un autre coté, c'est la proie à l'anxiété de voir le monde parce que l'on ne peut jamais être parfait et, par conséquent, on ne peut jamais être à l'abris de menaces de représailles.

La vue de l'enfant

Une autre conséquence du monde superstitieux est que l'individu ne peut pas voir l'enfant comme innocent. Ou plutot, la conception superstitieuse du monde est un produit de l'incapacité de voir l'enfant lui même comme étant innocent. Dans des listes de discussions et dans des conversations, j'ai vu des gens devenir furieux à la suggestion que l'enfant est innocent. C'est parce que voir l'enfant comme étant mauvais est une défense importante. Si l'enfant est innocent – si il était lui même innocent – alors les parents ont vraiment fait du mal et alors rien ne pouvait les arrêter.

Bien sur, la croyance que nous sommes nous mêmes responsables de l'abus des parents ne diminue pas la menace des parents dans la réalité, mais seulement dans les fantasmes. C'est encore une façon importante de contenir l'anxiété et de créer l'illusion de contrôle.

L'affirmation d'Alice Miller que l'enfant est innocent menace cette défense et les conceptions du monde qui y sont rattachées. En conséquence, la vue de l'enfant comme innocent est une idée libératrice. Cela nous libère de conceptions superstitieuses du monde et nous permet l'empathie et la compassion. Cette compassion peut promouvoir des conceptions politiques qui ne blâment pas les victimes et promeuvent les conceptions philosophiques qui nous permettent d'accepter qu'il existe des choses au delà de notre contrôle.

Cela nous libère de nombreuses barrières. Voir l'enfant comme étant innocent est une merveilleuse clé. Cela peut être effrayant au début d'imaginer que l'on était innocent et que nous n'avons pas mérité l'abus de l'enfant – que l'on était une victime. Quand nous pouvons encore le reconnaître, nous pouvons progresser vers une conception du monde plus rationnelle et compatissante.