dimanche 28 décembre 2008

"Lettre Ouverte au Président des Etats Unis d'Amérique", Traduction

Traduction d'une lettre ouverte en Anglais d'Alice Miller: "Lettre Ouverte au Président des Etats Unis d'Amérique".

Une Liste des Traductions du site d'Alice Miller récapitule les documents de son site web traduits dans d'autres langues mais non disponibles sur son site web et quelques articles non référencés sur son site web.

"Lettre au président des Etats-Unis d'Amérique George W.Bush, Janvier 2001

Monsieur le Président,

Compte tenu de votre engagement exprimé pour améliorer la qualité de l' éducation américaine je considère qu'il est de mon devoir de porter à votre attention des informations importantes à propos du développement et de l'apprentissage qui ne sont malheureusement pas encore suffisamment connues de la majorité de notre population: Le cerveau des enfants battus montre des déficiences, même des lésions qui peuvent être vues clairement sur l'écran des ordinateurs.


Cette information modifie les bases de toutes les discussions à propos de la légitimité des châtiments corporels sur les enfants et va tôt ou tard changer notre jugement sur ce qui peut être appelé criminel ou non. Les définitions légales qui définissent généralement les « blessures physiques » comme le seuil à partir du quel ce qu'on appelle discipline devient un abus ont maintenant pris un sens nouveau. Cependant, le grand public, et probablement la plupart des personnes qui travaillent dans le domaine de l'éducation, restent inconscientes de ces récentes découvertes spécialement sur la manière dont la peur expérimentée dans la petite enfance affecte le développement du cerveau et des conséquences à long terme des déficiences de l'apprentissage. Les conséquences de cette peur, de la violence punitive, sont aussi physiques et, de plus, permanentes.

Il est vrai que de nombreux enfants souvent battus par leurs parents à la maison sont difficiles à discipliner à l'école parce que les punitions corporelles les font obéir à court terme mais deviennent plus agressifs plus tard. A l'école ils montrent la même violence qu'ils ont appris à la maison. Ainsi, en utilisant les mêmes méthodes et en répétant ce comportement qui porte atteinte au cerveau va seulement ajouter de l'huile sur le feu.

Combattre la violence à l'école, en donnant aux enseignants le support pour battre les enfants perturbés, est comme de mettre la charrue avant les boeufs.


Comme beaucoup d'experts bien informés d'aujourd'hui, je crois qu'à la place d'encourager les professeurs à utiliser des méthodes dommageables et ainsi montrer leur propre faiblesse et impuissance envers les jeunes qui ont déjà été blessés par leurs parents, nous devrions promulguer une loi qui interdise aux parents de frapper leurs enfants pour que ces enfants puissent grandir sans peur. Il seront capables de développer complètement le potentiel de leur cerveau, apprendre avec intérêt, de faire face aux défis, comme ils surgissent. Et si les enseignants s'abstiennent de recourir à la violence, même ces enfants ayant une histoire de violence à la maison, ne vont plus être conduits par ces expériences pour provoquer leurs enseignants afin de se venger des humiliations qu'ils ont endurés en étant maltraités à un âge ou ils étaient le plus vulnérable.

Battre les enfants à l'école qui ont été battus à la maison répète seulement l'ancien traumatisme, avec de sévères conséquences pour la société, comme des tendances criminelles et des maladies mentales. Les recherches faites par Drs Bruce D.Perry, Bessel van der Kolk, Martin Teicher, Megan Gunnar et beaucoup d'autres fournissent des preuvent irréfutables de la relation de cause à effet entre les traumatismes du début de la vie et le risque ultérieur de déficiences cérébrales. Dr. Gunnar écrit: « Nous ne savons pas quand la porte de la plasticité du cerveau se referme ».

Ce ne sont pas des spéculations. Ces changements ont été observés, mesurés et étudiés sur les instruments des chercheurs.

J'espère vraiment que vous serez capables de prendre le temps de reconsidérer votre intention de supporter les enseignants dans leur « droit » de discipliner les enfants avec les punitions corporelles.

Sincèrement, Alice Miller

Février 2001 : Cette lettre a été envoyée à la Maison Blanche en janvier 2001. Elle est maintenant publiée comme une Lettre Ouverte après qu'elle soit restée sans réponse. La même chose s'est produite avec la lettre suivante à la première dame.



Lettre à la Première Dame, Février 2001

Chère Mme Bush,

Etant un auteur de livres sur les racines de la violence dans l'enfance je prend la liberté de vous envoyer la lettre que mon éditeur a envoyé au président, Mr. George W.Bush et de vous demander de confirmer cette réception si possible. Je peux imaginer que beaucoup de gens vous demandent de l'aide et de l'attention pour les problèmes variés que la vie leur présente et que vous devez vous protéger vous et votre famille de ces intrusions.

Toutefois, depuis que j'ai lu votre intêret dans l'enfance j'ai pensé encore et encore que je devrais au moins essayer de vous contacter et de vous confronter avec le problème de ce que j'appelle « la cécité émotionnelle des parents ». Cette cécité, le résultat de leur propre éducation, ne permet pas à des millions de parents de voir la peur et la souffrance qu'ils infligent à leur propres enfants par les fessées ni de comprendre les dommage qu'ils créent en insistant sur le fait qu'ils font ça pour le propre bien de l'enfant. De cette façon, la portée de cette erreur a persistée pour des générations. La fessée crée des peurs. Dans un état de peur l'attention de l'enfant est totalement absorbée par la stratégie de survie et n'est pas disponible pour absorder des messages positifs à propos du comportement juste. Ainsi, les enfants n'apprennent pas de nos mots mais plutôt de ce que nous leur faisons. Comme ils apprennent par imitation, ils apprennent de nous la violence et l'hypocrisie. Ils vont obéir en premier mais sur le long terme il peuvent choisir de mentir pour éviter la prochaine punition.

Heureusement, les nouvelles découvertes scientifiques sur le jeune cerveau humain vont bientôt mettre un terme à ce manque de sensibilité. La vieille tradition destructive et erronée durant des millénaires basée sur l'hypothèse que nous devons battre le mal de l'enfant pour le faire sortir et faire de lui une personne équilibrée et forte va être remplacée par la nouvelle tradition basée sur la connaissance et la compassion, une tradition que Jésus avait déjà tentée de créer (Mathieu, 19, 14). Les nouvelles découvertes confirment ce que Jésus a dit il y a 2000 ans, que chaque enfant est né innocent et que sa capacité d'amour et de compassion dépend de comment ils sont traités au début de leur vie: soit avec respect, vérité et protection et soins, ou avec violence, humiliations et négligences.

Si vous voulez plus d'informations sur ce sujet je serais heureuse de vous les envoyer. Vous pouvez utiliser mon adresse pour m'envoyer votre requête. Le principal but de cette lettre était de vous maintenir informée.

Mes sincères salutations, Alice Miller"

samedi 20 décembre 2008

"Lettre Ouverte aux Gouverneurs des Etats", Traduction

Traduction d'une lettre ouverte en Anglais d'Alice Miller: "Open Letter to Governors of States".

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"Lettre ouverte aux gouverneurs des états

Novembre 2000

J'ai l'honneur de m'adresser à vous pour vous faire part d'un appel aux parents et aux éducateurs de votre pays pour les rendre conscients du danger inculqué par la pratique des châtiments corporels envers les enfants, à la fois à la maison et à l'école.

En tant que chercheur sur l'enfance, j'ai durant des années examiné l'influence de la violence, subie tôt dans l'enfance, sur la violence infligée plus tard par les adolescents et les adultes. Il est difficile pour moi de résumer les résultats de mes recherches et du contenu de mes nombreux livres sur le sujet sans le risque de trop simplifier, mais je prend ce risque dans l'espoir que si cette lettre vous parvient, ça permettra de trouver de la compréhension et la détermination d'agir.

Durant des milliers d'années, la conviction que l'enfant était né avec des instincts mauvais prévalait, et qu'ils devaient être éradiqués par des châtiments corporels répétés pour qu'ainsi l'enfant puisse devenir un adulte équilibré. Cette opinion dangereuse est en contradiction avec les dernières recherches psychologiques et neurologiques. Elle ont récemment montrées que l'être humain ne nait pas avec un cerveau complètement développé, et que le développement de ce cerveau dépend des expériences des trois premières années de la vie. L'enfant entouré de respect et d'amour va développer une capacité pour l'empathie envers les autres. Par contraste, l'enfant battu va apprendre à glorifier la violence, sauf si, dans son enfance, il rencontre une personne qui, à travers le respect qu'elle lui donne, lui inculque la notion de l'amour.

Les tyrans les plus dangereux, comme Hitler, Stalin, Mao et Ceaucescu, qui était tout battus sans pitié étant enfant, et dont j'ai investigué les enfances, n'ont pas bénéficiés de la présence d'un témoin secourable. Ils ont seulement appris à nier leurs souffrances, à ignorer la cruauté qu'ils ont endurés, et en conséquence ils ont infligés les deux, sur des peuples entiers. Ils se sont vengés symboliquement pour les humiliations de leurs premières années de vie, sans avoir la moindre connaissance de ce fait. Terroristes, fondamentalistes, et néo nazis ne sont pas plus sages quand ils clament agir pour des buts politiques. Nous et la société dans son ensemble, assumons la responsabilité d'ouvrir nos yeux et de reconnaître l'évidence de ces rapports.

Il est nécessaire d'apporter les informations urgentes à la connaissance de tous aussi rapidement que possible pour protéger les nouvelles générations des tragiques conséquences d'un mal entendu très sérieux. Nos parents administraient des punitions corporelles parce qu'à cette époque, tout le monde croyait que c'était sans danger. Aujourd'hui les parents peuvent et doivent savoir qu'en infligeant de la violence, ils apprennent à leurs enfants la violence (contre les autres et contre eux mêmes) et ils implantent dans leur âme la conviction que la violence contre une personne sans défense sert une noble cause. En fait, les punitions corporelles apprennent à l'enfant la haine; c'est humiliant, immoral et dangereux.

Malheureusement, les fausses informations ne sont pas facilement expulsées de l'esprit des enfants battus qui constituent la vaste majorité de l'humanité, convaincus que les humiliations dont ils ont soufferts étaient utiles et sans danger, et qui restent donc insensible à la douleur des enfants. Comme ces informations sont enracinées en nous très tôt, dans les premières années de la vie, et comme on a dit à la plupart des gens que les coups reçus étaient salutaires, ils résistent fortement aux arguments de la raison et du coeur d'un adulte.

Votre autorité peut, je l'espère, traverser les barrières dans l'esprit des citoyens, barrières inscrites pour des millénaires. Aussi le principe de l'éducation sans violence est accessible à tous: traitons nos enfants comme nous voudrions qu'ils nous traitent. Le futur de notre planète sera dans les mains des enfants d'aujourd'hui.

Mes salutations, Alice Miller"

vendredi 12 décembre 2008

Les Conséquences Politiques de l'Abus de l'Enfant

Traduction d'un article en Anglais d'Alice Miller: "The Political Conséquences of Child Abuse".

Une Liste des Traductions du site d'Alice Miller récapitule les documents de son site web traduits dans d'autres langues mais non disponibles sur son site web et quelques articles non référencés sur son site web.

Voir aussi l'article sur l'enfance d'Adolf Hitler et l'éducation répandue en Allemagne qui a permis à Hitler de trouver tant de partisans pour sa cause à l'époque: "Adolf Hitler: Comment un Monstre Peut Il Réussir à Aveugler une Nation ?"


On reparle d'Hitler et de son enfance, et l'on voit bien que grâce à l'éducation violente très répandue à l'époque, et au racisme prévalant dans la société de l'époque, bien avant la naissance d'Hitler, racisme à la base envers les enfants, enfants qui ensuite essaient de se libérer de cette haine contre des boucs émissaires, c'est à dire détruire l'origine de leur haine, il a profité de cette violence très présente qu'il a lui même subis pour utiliser les facilités de la société de l'époque pour satisfaire sa soif de vengeance personnelle. Vengeance liée à sa propre histoire personnelle et son enfance.


"Les Conséquences Politiques de l'Abus de l'Enfant

par Alice Miller

Journal of Psychohistory 26 (2) Courant 1998

Article original "The Political Consequences of Child Abuse" en anglais, sur le site http://www.psychohistory.com/, traduction en Français par Gaël Roblin, traduction non vérifiée par Alice Miller ou son équipe.

Adresse originale: http://www.psychohistory.com/htm/06_politic.html


Bien que des siècles de romans et d'autobiographies aient traités le sujet des abus de l'enfant sous toutes ses formes, la société a été lente dans la reconnaissance de la fréquence avec laquelle cet assaut est commis. Seulement dans les trente dernières années il y a eu de réels progrès avec ce respect, et par la plupart dus aux efforts d'un petit nombre de chercheurs et par dessus tout aux médias. Les conséquences qu'un abus subis très jeune va avoir pour les victimes dans leur vie adulte sont sous estimées et défois contestées. Les implications ont été largement ignorées, et il y a accordement très peu de leurs mentions dans les études historiques et antropologiques. Ainsi, le sociologue Wolfgang Sovsky est capable d'écrire un travail impressionnant sur les formes de la violence sans faire une seule référence à la dimension de l'enfance. Il donne une place très considérable à la volonté d'infliger de la souffrance, l'appelle « mystérieuse », mais il est facilement explicable une fois que nous avons envisagé l'idée que le corps des exécuteurs, bourreaux, et les orchestrateurs de chasse à l'homme organisée ont déjà appris leurs leçons fatidiques très tôt et donc de façon très efficace.


Aussi Goldhagen se limite lui même à une discussion phénoménologique des gens qui ont été volontaires pour torturer et humilier les autres, sans donner aucune considération à leur enfance. Il consacre vraiment beaucoup d'attention aux émotions des criminels, un sujet jusqu'ici en grande partie ignoré, mais sans l'arrière plan de leur éducation précoce leur comportement reste mystérieux. Le lecteur recherche en vain une explication. Qu'est-ce qui a fait que des membres respectés de la société ont soudain agis comme des monstres ? Comment un ancien enseignant comme Klaus Barbie, et d'autres hommes décrit par leurs filles comme étant des pères soucieux, ont fait torturer ou torturé eux mêmes des gens innocents ? Goldhagen ne se pose pas cette question. Il est convaincu que les références au traditionnel anti-sémitisme en Allemagne fournissent une réponse satisfaisante. Elles ne le font pas.

L'hypothèse que l'anti-sémitisme Allemand était la véritable raison de l'Holocauste a été critiqué en comparaison avec la première guerre mondiale. A ce moment là, l'anti-sémitisme était aussi fort en Allemagne mais il n'y a pas eu en résultat de génocide organisé. Et pourquoi aucun Holocauste dans d'autres pays anti-sémites, Pologne, Russie, et d'autres parts de l'Europe ?

L'argument que dans la république de Weimar le chômage et la pauvreté a causé d'immenses frustrations générales qui ont été déchargées par le meurtre de masse des Juifs est à peine convaincant, étant donné qu'Hitler a rapidement réussi à contrôler le chômage.

Il doit y avoir d'autres facteurs en jeu qui ont été jusque là ignorés, facteurs expliquant d'une certaine façon pourquoi l'Holocauste est arrivé en Allemagne et pourquoi c'est arrivé à ce moment particulier plutôt qu'à un autre. De mon point de vue, l'un des facteurs possible est l'éducation destructrice à l'obéissance pratiquée très largement sur les enfants au changement du siècle en Allemagne, un style que je n'ai aucune hésitation à qualifier d'abus universel d' enfants en bas âge.


Bien sûr les enfants dans d'autres pays ont été et sont toujours maltraités au nom de l'éducation ou d'en prendre soin, mais peu étant déjà bébés et peu avec la caractéristique systématique de perfection de la pédagogie Prussienne. Dans les deux générations avant l'achèvement d'Hitler au pouvoir, l'implémentation de cette méthode avait été porté à un haut degrés de perfection en Allemagne. Avec cette fondation sur la quelle construire, Hitler à finalement achevé ce qu'il voulait: « Mon idéal d'éducation est élevé. Tout ce qui est faible doit être mis dehors. Dans la forteresse de mes militants une génération de jeunes gens va grandir pour combattre la peur au coeur du monde. Des jeunes violents, puissants, sans peur est ce que je veux. Les jeunes doivent être tout ça. Il doivent résister à la douleur. Il ne doit rien avoir de faible ou de tendre en eux. Le prédateur magnifique doit étinceler de leurs yeux à nouveau. Je les veux beaux et forts... Je peux de cette façon modeler les choses à nouveau ». Ce programme d'éducation reposant sur l'extermination de tout ce qui vit – était le précurseur des plans d'Hitler pour l'extermination d'une nation entière. En effet, c'était le préalable pour le succès final de ces créations.


Les nombreux et très largement répandus écrits du Dr. Daniel Gottlieb Moritz Schreber, l'inventeur des Schrebergärten (le mot allemand pour les jardin familiaux) sont d'intérêt majeur ici. Certains d'entre eux ont été réédités jusqu'à 40 éditions, et leur centre d'intérêt était d'instruire les parents au dressage systématique des enfants depuis les tous premiers jours de leur vie. Beaucoup de gens motivés par ce qu'ils pensaient être les meilleures des intentions ont observé les conseils donnés par Schreber et d'autres auteurs sur la meilleure façon d'élever leurs enfants si ils voulaient les faire devenir des sujets modèles du Reich Allemand. Ils l'ont fait sans soupçonner même à distance qu'ils exposaient leurs enfants à une forme de torture systématique avec des effets à long terme. Les phrases et dictons que les Allemands disent comme « Félicitez les choses qui nous rendent forts » et « Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort », toujours entendues d'éducateurs de l'ancienne école, ont probablement pour origine cette période.

Morton Schatzman, qui cite des passages éclairants des écrits de Schreber's, partage l'opinion que nous ne sommes pas ici en présence de méthodes pour élever l'enfant mais d'instructions systématiques pour la persécution de l'enfant. Une des convictions de Schreber est que quand l'enfant crie il devrait être fait pour qu'il renonce l'utilisation « d'almonestations physiques perceptibles », assurant ces lecteurs « qu'une telle procédure est seulement nécessaire une fois, ou au plus deux, et alors on est le maitre de l'enfant pour tous le temps. Depuis lors une regard, un seul geste menaçant suffira pour subjuguer l'enfant ». Par dessus tout, le nouveau né devrait être entrainé depuis le tout premier jour à obéir et à se retenir de crier.

Aujourd'hui, les gens qui ont été élevés dans quoi que ce soit approchant une voie humaine vont difficilement imaginer la rigueur et la ténacité avec laquelle Schreber lui même a implémenté ce programme. Le psychanalyste Wilhelm G. Niederland cite des exemples qui mettent en lumière les pratiques quotidiennes de dressage de l'enfant à l'obéissance dans ces décennies, par exemple, pour inculquer l'art de « la négation de soi » aux petits enfants. « Cette méthode doit être simple et effective: l'enfant est placé sur les genoux d'une bonne d'enfants pendant que cette dernière mange ou boit selon ce qu'elle prend. Cependant, aussi urgent que les besoins oraux de l'enfant puissent être dans cette situation, ils ne doivent pas être satisfaits ».

Niederland cite un passage de la propre vie de famille de Schreber. Une nounou mangeant des poires pendant que l'un de ses enfants était sur ses genoux fût incapable de résister à la tentation de donner au petit enfant un bout de fruit. Elle fût immédiatement renvoyée. La nouvelle de cette mesure draconienne se répandu rapidement à toutes les autres nounou de Leipzig, et depuis cette époque, écrit Schreber, il « n'a jamais rencontré de nouveau une telle insubordination, que ce soit avec cet enfant ou avec n'importe lequel des autres qui sont venus plus tard ».


Contrairement à l'idée reçue qui prévalait aussi récemment qu'il y a 15 ans, le cerveau humain à la naissance n'est pas complètement développé. Les habilités qu'un cerveau humain développe dépend de l'expérience dans les premiers trois ans de la vie. Les études sur les enfants roumains abandonnés et sévèrement maltraités ont révélés des lésions saisissantes dans certaines régions du cerveau et ont remarqué des insuffisances émotionnelles et cognitives plus tard dans la vie. En accord avec les très récentes découvertes neurobiologiques, les traumatismes répétés entrainent une augmentation d'hormones de stress qui attaquent les parties sensibles du cerveau et détruisent les neurones existants. Les autres études d'enfants maltraités ont révélées que les aires du cerveau responsables de gérer les émotions sont 20 à 30 pour-cents plus petites que chez des personnes normales.

Les enfants systématiquement soumis à l'exercice de l'obéissance autour du début de 20ème siècle n'étaient pas seulement exposés aux « corrections » corporelles mais aussi à de sévères privations émotionnelles. Les manuels d'éducation de l'époque décrivaient les démonstrations physiques d'affection comme caresser, embrasser, câliner comme étant des indications d'une attitude de faiblesse, de mièvrerie. Les parents ont été avertis des effets désastreux de gâter leurs enfants, une forme d'indulgence entièrement incompatible avec l'idée prévalente de rigueur et de sévérité. En conséquence, les enfants ont souffert d'absence de contacts aimants directs avec les parents. Le mieux qu'ils pouvaient attendre était de trouver un substitut des serviteurs, qui dans de nombreux cas utilisaient et exploitaient l'enfant comme des objets de plaisir, augmentant ainsi la confusion émotionnelle de l'enfant.

Depuis les expériences conduites sur des singes par le Dr. Harlow dans les années 50, nous savons que les animaux élevés par des mères « robots » sont devenus plus tard agressifs et n'ont pas montré d'intérêt dans leur propre progéniture. Les nouvelles recherches sur les macaques ont révélées qu'ils tuent même des membres de leurs propres espèce si ils ont été élevés sans soins appropriés. Les études de John Bowlby's sur l'absence d'attachement chez les délinquants et les descriptions de René Spitz de petits enfants mourant après des négligences émotionnelles à l'hôpital durant leur hospitalisation sous des conditions extrêmement hygiéniques est une indication que non seulement l'animal mais aussi les bébés humains ont besoin de contacts qui ne sont pas seulement avec leurs parents si la socialisation doit prendre un cours normal.

Ces découvertes présentées par Bowlby et Splitz il y a plus de 40 ans sont corroborées par les récentes recherches neurobiologiques. Les études en question suggèrent que non seulement les maltraitances actives mais aussi l'absence de contacts physiques aimants entre l'enfant et les parents vont causer des dommages à certaines aires du cerveau, notamment celles responsables des émotions, qui restent sous développées. De là les enfants « subjugués par les apparences » ont souffert de dommages émotionnels qui développeront leur potentiel destructeur complet à la prochaine génération.

Les recherches actuelles neurobiologiques rendent plus facile pour nous la compréhension de la façon dont les Nazis comme Eichmann, Himmler, Höss et d'autres fonctionnaient. Leur obéissance rigoureuse a dans leur petite enfance empêché le développement de capacités humaines comme la compassion et la pitié pour les autres. Ils étaient incapables d'émotions face au malheur, de tels sentiments leurs étaient étrangers. Leur totale atrophie émotionnelle ont permis aux auteurs des crimes les plus haineux imaginables de fonctionner « normalement » et de continuer d'impressioner leur environnement avec leur efficacité dans les années après la guerre sans le moindre remord. Dr. Mengele a pu accomplir les plus cruelles expériences sur les enfants juifs à Auschwitz et alors a vécu 30 ans comme un homme « normal », bien adapté.

En l'absence de facteurs positifs, d'affection et de témoin secourable, la seule voie ouverte à l'individu maltraité est le désaveu de la souffrance personnelle et l'idéalisation de la cruauté avec ces effets dévastateurs ultérieurs. Subir une éducation extrêmement cruelle et humiliante au stade préverbal, habituellement sans témoin secourable, peut instiller chez la victime l'admiration de cette cruauté si il n'y a personne dans le voisinage immédiat de la victime pour remettre en question ces méthodes et lui montrer des valeurs humaines. Les gens soumis aux mauvais traitements dans leur enfance peuvent insister toute leur vie que battre les enfants est sans danger et que les punitions corporelles sont salutaires même si il y a la preuve écrasante, formelle, du contraire. Vice Versa, un enfant protégé, aimé, et chéri depuis le début, prospérera grâce à cette expérience tout sa vie.

Binjamin Wilkomirski, l'auteur d'un livre poignant et intensément lumineux à propos de son enfance dans les camps de concentration, m'a confié une fois lors d'une rencontre personnelle des observations qu'il a fait avec les yeux d'un prisonnier mais d'un enfant extrêmement ouvert, éveillé sur le comportement de femmes gardiennes de camp. Il a dit qu'il a pris 50 ans pour se renseigner sur qui étaient vraiment ces « blokowas », ces femmes qui ont spontanément et sans réserve accepté l'emploi de tourmenter et humilier les enfants Juifs et les ont soumis à toutes les variétés concevables de cruauté mentale et physique.

A son grand étonnement, la lecture des rapports a révélé que la plupart d'entre elles étaient de jeunes femmes entre 19 et 21 ans qui avaient autrefois un travail tout a fait ordinaire de vendeuses ou de couturières et dont les biographies ne contenaient rien d'inhabituel. Pendant le procès il a été unanimement reconnu qu'elles n'étaient pas conscientes que les enfants juifs étaient des êtres humains. La conclusion suggérée immédiatement est qu'en fin de compte la propagande et la manipulation ont suffit à transformer les gens en de sadiques exécutants et meurtriers de masse.

Ce n'est pas une opinion que je partage. Au contraire. Je crois que seulement les hommes et les femmes qui ont fait l'expérience de la cruauté mentale et physique dans les premières semaines et mois de la vie et à qui l'on n'a pas montré d'amour du tout peuvent s'être laissés être eux mêmes les bourreaux à la disposition d'Hitler. Comme le matériel des archives de Goldhagen le montre, il n'ont pas eu besoin ensuite d'endoctrinement parce que leur corps savait déjà exactement ce qu'ils voulaient faire aussi tôt qu'ils étaient autorisés à suivre leurs penchants. Et comme les juifs, jeunes ou vieux, ont été déclarés comme n'étant pas des être humains, il n'y avait rien pour les stopper d'infliger leurs penchants. Mais aucune quantité d'endoctrinement seul, à l'école ou ailleurs, ne va relâcher la haine dans une personne qui n'a pas de pré-conditionnement dans cette direction. C'est bien connu qu'il y avait des Allemands comme Karl Jaspers, Hermann Hesse ou Thomas Mann, qui ont immédiatement reconnu la déclaration que les Juifs n'étaient pas des être humains comme un signal d'alarme et le cri de ralliement d'une barbarie non entravée.

Pour les gens comme les « blokowas », exposées à la confusion émotionnelle dans leur petite enfance, la déclaration était le moment opportun. Tout ce dont elles avaient besoin de faire était de refuser que les enfants se lavent eux mêmes et ça leur donnait des raisons suffisantes de les haïr d'être sâles et noirs comme du charbon. Elles pouvaient jeter des morceaux de sucre aux enfants affamés et alors les mépriser pour la ferveur avec laquelle ils ont se sont précipités pour en attraper. Ces jeunes femmes pouvaient rendre ces enfants précisément comme elles en avait besoin pour se sentir supérieures et ainsi décharger sur leurs victimes la vieille rage inconsciente sommeillant en elles.

Cependant, aussi brutalement que ces gens ont été élevés , ils n'ont montré aucun signe immédiat du mal qu'on leur a fait. Au contraire. La plupart d'entre eux sont devenus des jeunes personnes bien adaptées. Mais tôt ou tard, généralement une génération plus tard, quand les enfants tourmentés sont devenus eux mêmes parents, les anciennes victimes font la même chose avec leurs enfants que ce qui leur a été fait, sans aucun sentiments de culpabilité. C'était la seule chose qu'ils connaissaient, après qu'ils aient réprimés et nié leur propre douleur.


L'étude des abus sur les enfants nous confronte avec le fait stupéfiant que les parents vont infliger la même punition ou négligeront leurs enfants comme ils en ont fait l'expérience eux mêmes au début de leur vie. Mais étant adultes ils n'ont pas de souvenirs de ce qui leur est arrivé. Dans le cas des abus sexuels sur les enfants, c'est habituel pour l'auteur du crime de n'avoir aucune connaissance consciente du début de leur propre vie – l'histoire doit être au moins coupée des sentiments réveillés par ces expériences. Ce n'est pas avant qu'ils soient en thérapie – en supposant qu'il en fasse une – qu'il apparait qu'ils ont reproduit ce par quoi ils étaient passés étant enfants.

La seule explication que je peux avancer pour ce fait est que l'information sur la cruauté dont on a souffert dans l'enfance reste stockée dans le cerveau sous la forme de mémoires inconscientes. Pour un enfant, l'expérience consciente de tels mauvais traitements est impossible. Si les enfants ne veulent pas s'écrouler sous la peur et la douleur, il doivent réprimer cette connaissance. Mais la mémoire inconsciente les conduit à reproduire ces scènes réprimées encore et encore dans l'attente (et avec le faux espoir) de se libérer des peurs que la cruauté et l'abus ont laissés avec eux. Les victimes crées les situations dans lesquelles elles peuvent assumer le rôle actif pour surmonter les sentiments d'abandon et s'échapper de l'anxiété inconsciente.

Mais cette libération est apparente parce que les effets du passé ne changent pas aussi longtemps qu'ils demeurent inaperçus. Les criminels vont encore et encore rechercher de nouvelles victimes. Aussi longtemps que l'on projette la haine et la peur sur des boucs émissaires, il n'y a pas d'issue pour arriver au bout de ces sentiments. Pas avant que la cause ai été reconnue et que la compréhension de la réaction naturelle aux méfaits puissent dissiper la haine aveugle causée aux victimes. La fonction que ça exerce, masquer la vérité, n'est plus nécessaire. Les criminels sexuels ayant travaillés durant leur vie en thérapie ne courent plus le risque d'une répétition destructive de leur traumatismes.


Qu'est-ce que la haine ? Comme je la vois, c'est une conséquence possible de la rage et du désespoir qui ne peut pas être senti consciemment par un enfant qui a été négligé et maltraité même avant qu'il ou elle apprenne à parler. Aussi longtemps que la haine dirigée contre les parents ou d'autres personnes s'occupant de l'enfant reste inconsciente ou reniée, elle ne peut pas se dissiper. Elle peut seulement être prise sur soi ou être transférée, sur des boucs émissaires comme nos propres enfants ou des ennemis présumés. L'observation compatissante des cris des petits enfants à la maison force le spectateur à remarquer combien les sentiments impliqués doivent être intenses. La haine peut finalement fonctionner comme étant une défense qui sauve la vie contre le fait d'être impuissant.

Les études déjà à ma disposition en 1980 et citées dans mon livre « C'est Pour Ton Bien » ont confirmées ma conjecture que, autant dans l'Allemagne Nazi que chez les soldats professionnels Américains qui ont volontairement servi au Vietnam, les enfants brutalement élevés figuraient parmis les criminels de guerre les plus vindicatifs. Une confirmation ultérieure a été apportée par l'étude des biographies d'enfance de ces personnes exceptionnelles qui ont eu en temps de terreur le courage de sauver les autres de l'extermination.

Pourquoi y a-t-il des gens assez courageux pour risquer leur vie pour sauver des Juifs de la persécution Nazi ? Beaucoup d'enquêtes scientifiques ont été faites sur cette question. La réponse usuelle tourne autour de valeurs religieuses ou morales comme la charité Chrétienne ou un sens de la responsabilité instillée en eux par les parents, professeurs et autres personnes qui s'occupaient de l'enfant. Mais il n'y a pas de doutes que l'on donnait aux supporters actifs de l'extermination et des partisans une éducation religieuse. Donc cela peine à fournir une explication suffisante.

J'étais convaincue qu'il devait y avoir un facteur spécial dans l'enfance des sauveurs, dans l'atmosphère prévalente de leur enfance, qui a fait une différence fondamentale entre ce que les criminels ont subis, mais tout d'abord je ne pouvais pas prouver mon hypothèse. Pendant des années j'ai recherché en vain un livre qui couvrirait ce sujet de manière satisfaisante. Finalement, grâce à l'aide de Lloyd deMause, j'ai trouvé une étude empirique par les Oliners « La Personnalité Altruiste: Les Sauveurs de Juifs en Europe », basée sur les interviews de plus de 400 témoins de ces jours sombres. Cela a confirmé mon hypothèse. L'étude conclut que le seul facteur qui distingue les sauveurs des criminels et des partisans était la façon dont ils avaient été élevés par les parents.

Presque tous les sauveurs interviewés ont reportés que leurs parents ont tentés de les discipliner avec des arguments plutôt que des punitions. Ils étaient seulement rarement sujets à des punitions corporelles, et si ils l'étaient c'était invariablement en connexion avec un comportement délictueux et jamais parce que les parents ont senti le besoin de se décharger de sentiments incontrôlables et inexplicables de rage sur eux. Un homme s'est rappelé qu'il avait été une fois fessé pour avoir emmené de petits enfants sur un lac gelé et mis leur vie en danger. Un autre à annoncé que son père l'avait frappé seulement une seule fois et qu'il s'était ensuite excusé. Beaucoup des déclarations peuvent être paraphrasées comme ça: « Ma mère a toujours essayé de m'expliquer ce qui était mauvais dans ce que j'avais fait. Mon père a aussi passé beaucoup de temps à me parler. J'étais impressionné parce ce qu'il devait dire ».

Quelle image différente nous avons des rapports des criminels et des partisans: « Quand mon père était saoul, il m'a fouetté. Je ne savais jamais pourquoi j'étais battu. Souvent c'était pour des choses que j'avais fait il y a des mois. Et quand ma mère était furieuse, elle battais n'importe qui sur son passage, y compris moi ».

A la différence de telles décharges affectives non contrôlées subjectivement ressenties comme étant justifiées, expliquer ce que le parent ressent comme étant mauvais est synonyme de croire dans les bonnes intentions de l'enfant. Un tel mouvement est motivé par le respect et la confiance dans l'habilité de l'enfant à se développer et à améliorer son comportement.

Les gens à qui l'on a donné de l'affection et du soutient imitent rapidement la nature sympathique et autonome de leurs parents. Le point commun de tous les secoureurs étaient la confiance en soi, la possibilité de prendre des décisions immédiates et la capacité d'empathie et de compassion avec les autres. Soixante dix pour-cents d'eux disaient que ça leur à pris seulement quelques minutes pour décider si ils voulaient intervenir. Quatre vingt pour-cents ont dit qu'il n'ont pas consulté d'autres personnes. « Je devais le faire, je ne pouvais pas être innocupé et observer l'injustice sans rien faire. »

Cette attitude, prisée dans toutes les cultures comme « noble », n'est pas quelque chose d'instillé en l'enfant avec des belles paroles. Si le comportement montré par ceux qui s'occupent de l'enfant est en contradiction avec leur propre mots, si les enfants sont battus au nom d'idéaux élevés, comme c'est toujours la coutume dans certaines écoles catholiques, alors ces sentiments élevés sont condamnés à ne pas être entendus et même à provoquer la haine et la violence. Les enfants peuvent finir par imiter ces expression spirituelles et les ressortir plus tard dans la vie, mais il ne vont jamais les mettre en pratique parce qu'ils n'ont pas d'exemple à reproduire.

Martin Luther, par exemple, était un homme intelligent et éduqué, mais il a haït le juifs et a encouragé les parents à battre leurs enfants. Il n'était pas un sadique pervertis comme les bourreaux d'Hitler. Mais 400 ans avant Hitler il disséminait ce type de conseils destructeurs. En accord avec la biographie de Eric Ericson, sa mère le battait sévèrement avant qu'il n'ait été traité comme ça pas son père et son enseignant. Il a cru que cette punition l'avait « rendu bon » et était donc justifiée. La conviction stockée dans son corps que si les parents l'ont fait alors ce doit être juste de tourmenter quelqu'un de plus faible que soi a laissé une impression beaucoup plus durable que les commandements divins et les exhortations Chrétiennes à aimer votre voisin et à être compatissant envers le faible.

Des cas similaires sont discuté par Philip Greven dans son livre très informatif, « Spare The Child ». Il cite divers hommes et femmes américans de l'église recommandant de battre cruellement les petits enfants dans les premiers mois de la vie comme étant une méthode pour s'assurer que la leçon reste apprise indélibilement en eux pour le reste de leur vie. Malheureusement, ce n'était que trop juste. Ces terribles textes desctructeurs ont trompés de nombreux parents comme étant la preuve concluante de effets à long termes des maltraitances. Ils pourraient seulement avoir été écrit par des gens ayant été exposés à la merci d'impitoyables tortures étant enfant et plus tard ont glorifiés ce qui leur à été fait. Heureusement, ces livres n'ont pas été édités 40 fois aux USA.


Un animal va répondre à une attaque avec « le combat ou la fuite ». Aucun chemin n'est ouvert à un enfant exposé à l'agression d'immédiates personnes de la famille. Ainsi la réaction naturelle reste en place, défois pour des décennies, jusqu'à ce qu'elle puisse être transférée sur un objet plus faible. Alors les émotions réprimées sont relâchées contre les minorités. Les cibles varient de pays en pays. Mais les raisons pour cette haine sont probablement identiques partout dans le monde.

Nous savons qu'étant enfant Hitler était tourmenté, humilié, et moqué par son père, sans la moindre protection de sa mère. Nous savons aussi qu'il niait ses véritables sentiments envers son père. Les sources réelles de sa haine deviennent ainsi évidentes. J'ai recherché les vrais motifs pas seulement pour la folie mentale d'Hitler mais aussi pour beaucoup d'autres dictateurs. Dans tous j'ai identifié les effets de la haine d'un parent qui reste inconsciente pas seulement parce que haïr un parent était strictement prohibé, mais aussi parce que c'était dans l'intérêt de l'auto protection de l'enfant de maintenir l'illusion d'avoir un père aimant. C'était seulement sous la forme d'une déviation sur les autres que la haine était permise, et pouvait alors couler librement. Hitler aurait eu de la peine à trouver tant de support si les modèles de l'enfant auxquels il a été exposé et leurs effets nuisibles ultérieurs n'avaient pas été si répandus en Allemagne et en Autriche.

Mais les problèmes spécifiques d'Hitler avec les Juifs peuvent être en fait tracés en arrière durant la période avant sa naissance. Dans sa jeunesse, sa grand mère paternelle a été employée chez un marchand Juif de Graz. Après être retourné à la maison au village Autrichien de Braunau, elle a donné naissance à son fils, Alois, plus tard il est devenu le père d'Hitler, et a reçu pour élever l'enfant des paiments de la famille de Graz pendant 14 ans. Cette histoire qui est raconté dans beaucoup de biographies d'Hitler représentait un dilemme pour la famille d'Hitler. Il avaient intérêt de nier que la jeune femme avait été laissée avec l'enfant par le marchant Juif ou son fils. D'un autre coté, c'était impossible d'affirmer qu'un Juif va payer une pension alimentaire sans de bonnes raisons. Une telle générosité de la part d'un Juif aurait été inconcevable pour les habitants d'un village Autrichien. Ainsi la famille Hitler a été face au dilemme insoluble d'inventer une version qui servirait pour annuler leur « disgrâce ».

Pour Alois Hitler [NDT: le père d'Hitler], la suspicion qu'il pourrait être de descendance Juive était insupportable dans le contexte de l'époque anti-Juif dans lequel il a grandi. Tous les honneurs qu'il a gagné lui même en étant un officier des douanes étaient insuffisants pour le libérer de la rage latente de la disgrâce et de l'humiliation qu'il a connu sans que ce soit sa propre faute. Le seul chose qu'il pouvait faire en toute impunité était de prendre sa revanche sur son fils Adolf. Selon les rapports de sa fille de son ancien mariage Angela, il battait son fils impitoyablement tous les jours. Dans la tentative d'exorciser ses peurs de son enfance, son fils a élevé l'illusion maniaque qu'il était venu au monde pour libérer non seulement lui même du sang Juif mais aussi l'Allemagne et plus tard le monde. Jusqu'à sa mort dans le bunker, Hitler est resté une victime de cette illusion parce que toute sa vie sa peur de sa moitié juive de père est restée bloquée dans son inconscient.


J'ai développé ces idées avec plus de détails dans mon livre, « C'est Pour Ton Bien ». Beaucoup de gens m'ont dit qu'il ont trouvés très troublantes et d'aucune façon suffisante les explications des actes d'Hitler. Pas toutes ces actions, peut être, mais certainement ces illusions. Et ces illusions sont les fondations de ces actions. Je peux certainement dépeindre le garçon Hitler jurant vengeance sur « les juifs », ces figures imaginaires monstrueuses d'une imagination déjà malade. Consciemment, il a probablement pensé qu'il aurait pu avoir une vie heureuse si les « Juifs » n'avaient pas plongé sa grand mère dans le disgrâce et que lui et sa famille ont du vivre avec. Et c'était ça à ses yeux qui ont servi d'excuses aux coups qu'il a reçu de son père, qui après tout était lui même une victime du comportement diabolique et omnipotent des Juifs. Dans l'esprit d'un enfant en colère, très confus, c'est seulement une courte étape vers l'idée que les juifs doivent être exterminés.


Pas seulement les juifs. Dans la maison de la famille d'Hitler vivait pour des années une tante schizophrénique imprévisible Johana dont le comportement était reporté comme étant très effrayant pour l'enfant. Une fois adulte, Hitler a ordonné de tuer chaque handicapé et personne psychotique pour libérer la société Allemande de son fardeau. L'Allemagne semblait symboliser pour lui l'enfant innocent qui devait être sauvé. En conséquence, Hitler devait protéger sa nation des dangers auxquels il a lui même du faire face. Absurde ? Pas du tout. Pour un esprit inconscient, ce type de symbolisation paraît tout à fait normal et logique.

En plus des sources de sa peur connectées avec son père et sa tante, il y avait sa première relation avec sa mètre très intimidante qui vivait dans le peur constante des explosions violentes de son mari et de ses coups. Elle l'appelait « Oncle Aloïs » et a enduré patiemment ses traitements humiliants sans aucune protestation. La mère d'Hitler a perdu les trois premiers enfants à cause d'une maladie, et Adolf était le premier enfant qui a survécu à la petite enfance. Nous pouvons facilement imaginer que le lait qu'il a bu de sa mère était « empoisonné » d'une certaine façon par les propres peurs de sa mère. Il a but du lait en même temps que les peurs de sa mère, mais il était bien sûr incapable de comprendre ni de les intégrer. Ces peurs irrationnelles – que quelqu'un d'extérieur, observant ces discours peut reconnaitre restèrent non reconnues et inconsciente à Hitler jusqu'à la fin de sa vie. Stockées dans son corps , elles l'ont poussées constamment à de nouvelles actions destructrices, dans sa tentative sans fin de trouver une solution.

Dans la vie de tous les tyrans que j'ai examiné, j'ai trouvé sans exception des pensées paranoïdes liées à leur biographie dans leur petite enfance et la répression des expériences qu'ils ont vécus. Mao avait été régulièrement fouetté par son père et plus tard a envoyé 30 millions de personnes à leur mort. Mais nous avons beaucoup de difficultées à admettre la mesure complète de l'étendue de la rage qu'il a du ressentir contre son propre père, un enseignant très sévère qui a essayé à travers les coups de « faire de son fils un homme ». Staline a causé des millions de souffrances et de morts parce que même à l'apogée de son pouvoir ses actions étaient déterminée par des peur infantiles inconscientes d'impuissance. Apparemment son père, un pauvre cordonnier de Géorgie, tentait de noyer sa frustration dans la liqueur et fouettait son fils presque tous les jours. Sa mère montrait des traits psychotiques, était complètement incapable de défendre son fils et était habituellement en dehors de la maison soit priant à l'église ou faisant le ménage chez le prêtre. Stalin a idéalisé ses parents jusqu'à la fin de sa vie et était constamment hanté par la peur des dangers qui n'existaient plus depuis longtemps mais qui étaient toujours présents dans son esprit dérangé. La même chose doit être vraie pour beaucoup d'autres tyrans. Les groupes de gens qu'ils ont choisis pour la persécution et les mécanismes de rationalisation qu'ils ont employés étaient différents dans chaque cas, mais la raison fondamentale derrière ça était probablement identique. Il en appelaient souvent aux idéologies pour déguiser la vérité et leur propre paranoïa. Et les masses ont fait corps avec leur enthousiasme parce qu'elles étaient inconscientes de leurs motifs réels, incluant ceux opérant dans leurs propres biographies. Les fantasmes de vengeances d'individus ne seraient pas pris en compte si la société ne montrait si régulièrement un empressement naif pour les aider à devenir vrai.

Naturellement, mes références à Schreber et ses méthodes ne sont pas suffisantes pour expliquer l'histoire de l'Holocaust. Un nombre infini de livres ont été écrits à ce propos, mais l'énormité de ces crimes défient la compréhension. Beaucoup plus de recherche se doivent d'être faites avant que nous puissions commencer de vraiment comprendre. Etant donné ce que nous savons aujourd'hui, tenter de construire une explication autour d'un seul facteur va résulter dans de stupides simplifications. Ca laisse trop de choses en dehors. Aussi, une explication mono-causale peut conduire à une exonération des criminels, les délivrant de leur responsabilité en les déclarant malades. Aucune éducation, aussi cruelle soit elle, n'est un permit de tuer. Mais imputer tout ça sur un plan génétique défectueux est insatisfaisant. Pourquoi devrait il y avoir tant de gens nés 30 ou 40 ans avant l'Holocauste en Allemagne avec une telle disposition génétique fatidique ? Je ne connais pas de chercheur qui ont essayés de répondre à cette question.

Mes références aux humiliations systématiques des enfants autour du début du siècle [NDT: le début du 20ème siècle] et à la torture à laquelle les petits enfants étaient exposés (tragiquement jamais reconnue comme tel par les parents), me semblent, cependant, être un élément important dans la concaténation complexe de causes. Malheureusement on doit encore leur donner l'attention qu'elles méritent. La raison pour cette négligence sont probablement connectées de près avec le tabou général qui a été imposé au sujet de l'enfance. Mais pour des raisons pragmatiques, notamment un souçi pour le futur, c'est important de casser ce tabou et de s'aventurer dans ce territoire largement inexploré.

La totale négligence ou banalisation du facteur de l'enfance opérant dans le contexte de la violence et la façon dont il évolue dans la petite enfance mène parfois à des explications qui sont non seulement pas convaincantes et avortées mais détournent l'attention des véritables racines de la violence. Le terme abstrait « anti-Sémitisme» contient un nombre infini de significations et sert fréquemment à brouiller la complexité des processus psychologiques impliqués, processus qui doivent être identifiés et appelés par leur nom. C'est seulement de cette manière que nous pouvons espérer changer quelque chose.


De mon point de vue, une comparaison précise des méthodes parentales d'aujourd'hui et du passé peut apporter un tel changement. Ca peut ouvrir de nouvelles voies et encourager la formation de nouvelles structures plus saines pour élever les enfants. Beaucoup de nouveaux livres éclairés sur les relations parents-enfants sont des instances d'aide concrète pour les parents pour incorporer l'information dont nous disposons dans la pratique de l'éducation des enfants. Les parents qui sont capables d'intégrer ces nouvelles informations vont probablement trouver plus facile de respecter, encourager, comprendre et aimer leurs enfants et apprendre d'eux.

Mais travailler pour un futur meilleur, plus conscient, ne peut être fait en étant isolé de la tentative de comprendre notre histoire sous toutes ces facettes, pour nous en tant qu'individus et que société. Le travail commencé par Lloyd deMause et continué par lui et d'autres psychohistoriens est à ma connaissance le première recherche systématique dans cette direction. L'histoire de l'éducation de l'enfant peut être plus éclairante que beaucoup d'autres pour illustrer le danger pour la société de la grande ignorance à propos du développement de l'enfant. Les recherches en cours sur des bébés de la naissance à trois ans peut être aidante pour finalement surmonter cette ignorance. Cela peut permettre à certains historiens de lever plus fréquemment la question levée pour la première fois par Lloyd deMause: qu'est-ce que ressent un petit enfant abusé, sans un témoin éclairé ? Malheureusement, la petite enfance de gens qui ont récemment tués sans pitié au Rwanda n'est pas encore devenue le thème d'une enquête psychologique ou sociologique. Mais si des psychohistoriens une fois devenus intéressés dans la recherche et la descriptions des premiers trois ans de la vie des tueurs, ils pourraient probablement être capable d'expliquer certains des événements qui semble toujours inexplicables.

Alice Miller est une psychothérapeute suisse et auteur de livres comme « Le Drame de l'Enfant Doué », « L'enfant Sous Terreur », « C'est Pour Ton Bien », « La Connaissance Interdite » et « Abattre le Mur du Silence ». Cet article a été écrit comme une conférence pour la 21ème Convention Internationale de l'Association Psychohistorique à New York, et contient des parties de son prochain livre, « Chemins de Vie ».




vendredi 5 décembre 2008

"Lettre Ouverte à Tony Blair", Traduction

Traduction d'une lettre ouvert en Anglais d'Alice Miller: "Open Letter to Tony Blair".

Une Liste des Traductions du site d'Alice Miller récapitule les documents de son site web traduits dans d'autres langues mais non disponibles sur son site web et quelques articles non référencés sur son site web.


"Une lettre ouvert à Tony Blair, concernant la nouvelle loi sur la fessée des enfants, Février 2000


Monsieur,

Comme étant une ancienne psychanalyste et auteur de neufs livres concernant l'influence de l'enfance sur la société, je prend la liberté de vous écrire et de vous demander de prêter attention au problème des enfant frappés. Comme vous pouvez le savoir, les enfants apprennent le comportement approprié seulement par des exemples et personne ne peut l'apprendre en état de peur et de terreur.

L'idée que l'on peut "apprendre aux enfants la différence entre le bien et le mal" en les frappant, idée largement répandue, est aussi vielle que notre culture mais est néanmoins fortement trompeuse comme les nouvelles recherches le prouvent.

Quand nous giflons les enfants nous leur apprenons seulement la violence, l'ignorance et l'hypocrisie. Ils apprennent rapidement à faire la même chose que nous une fois que nous l'avons fait: premièrement se soumettre au plus puissant, à obéir par peur, à ne pas sentir la douleur d'être humilié, puis, 20 ans plus tard, à couvrir leur propre faiblesse ( d'incapacité d'agir paisiblement) avec l'aide de la violence, à maintenir que frapper un enfant est ce qui est juste, pour résister à tous les arguments logiques en les appelant "paternalisme", et à continuer de gifler leurs propres enfants (ou de se blesser eux mêmes) sans arrières pensées, sans le moindre remord.

Si vous demandez aux adultes pourquoi ils étaient frappés dans leur enfance il vont dire quelque chose comme: "J'étais un garçon ou une fille méchant(e), et je rendais mes parents fous, ils étaient vraiment débordés par la façon dont j'étais." Ces personnes peuvent rarement se rappeler d'un incident concrêt ou de leçons construcives parce qu'ils étaient trop effrayés pour les apprendre. Mais maintenant contre tout manière logique de réfléchir, ils espèrent de leur enfant de 3 ans qu'il va apprendre les leçons que leurs parents voulaient leur apprendre en les frappant. Malheureusement, les politiques des plus grands pays en Europe succombent à cette erreur.

Nos parents et nos grands parents ne sont pas à blamer pour nous avoir transmis les mauvais messages parce que, à cette époque, il n'avaient pas de meilleures informations à leur disposition. Mais nous le faisons. Nous ne pourrons clamer la même innocence quand la prochaine génération va nous blâmer pour ne pas avoir utilisé ou même rejeté l'information qui était disponible et qui était facile à comprendre, en permettant une loi, qui est en contradiction avec nos connaissances.

Un gouvernement responsable ne va pas ignorer les plus récentes découvertes scientifiques. Si il souhaite vraiment un futur en paix nous ne pouvons pas encourager les parents à apprendre la violence à leurs enfants. Nous devrions à la place leur donner, à l'aube du nouveau millénaire, un message clair que frapper cause toujours de sérieux dommages, que ça manque de respect à la dignité de l'autre personne (l'enfant) et n'est jamais éducatif. Les citoyens doivent apprendre des lois de leur gouvernement responsable comment l'hostilité est apprise dans l'enfance et comment ça peut être annulé en apprenant de nouvelles façons de communiquer avec nos enfants, sans violence. En frappant les enfants nous leur enseignons des leçons destructives et toute la société va en payer le prix.

Sincérement,
Alice Miller, Virago Press

lundi 1 décembre 2008

"Les Sentiments de l'Enfant", Traduction

Traduction d'une interview d'Alice Miller de 1987 par Diane Connors en Anglais: "The feeling child".

Une Liste des Traductions du site d'Alice Miller récapitule les documents de son site web traduits dans d'autres langues mais non disponibles sur son site web et quelques articles non référencés sur son site web.

"Les Sentiments de l'Enfant

Article original "The feeling child" en anglais, sur le site http://www.alice-miller.com, traduction en Français par Gaël Roblin, traduction non vérifiée par Alice Miller ou son équipe.

Interview avec Alice Miller par Diane Connors pour OMNI Publications International en Mars 1987

"J'ai décris des situations de gens, utilisé leur histoire comme des miroirs. Et alors beaucoup sont venus et on dit « C'est exactement ce que j'ai ressentis toute ma vie mais je ne pouvais pas le dire ». Je ne veux pas que les gens me croient. Je veux seulement les encourager à prendre leur propre expérience au sérieux."

Les histoires d'Alice Miller peignent des enfants abusés et réduits au silence qui deviennent plus tard destructifs envers eux mêmes et les autres. Adolf Hitler, dit Miller, était un tel enfant. Constamment maltraité pas son père, émotionnellement abandonné par sa mère, il a appris seulement la cruauté; Il a appris à être obéissant et à accepter ses punitions quotidiennes avec complaisance sans les remettre en question. Après des années, il a pris sa revanche. Une fois adulte il dit : « Ca nous donne un plaisir très spécial, secret, de voir comment des gens sont inconscients de ce qui leur arrive vraiment »

A.Miller, célèbre en Europe, a décrit l'enfance d'Hitler dans « C'est pour ton bien : La cruauté cachée dans l'éducation et les Racines de la Violence ». Dans le même travail elle laisse Christiane F. raconter sa propre histoire: « J'avais du mal à dire les les lettres H et K à part. Un soir ma mère se donnait du mal pour m'expliquer la différence. Je pouvais à peine prêter attention à ce qu'elle disait parce que j'avais remarqué que mon père était de plus en plus furieux. J'ai toujours su ce qui allait arriver. Il est sorti et à pris le balais manuel et m'a rossé. Maintenant j'étais supposé dire la différence entre H et K. Bien sûr à ce moment je n'en savais rien de plus, donc j'ai eu un autre coup et je fus envoyée au lit. » Christiane est allée à la rue et est devenue dépendante à la drogue.

« Nous n'avons pas besoin de livres de psychologie pour apprendre à respecter nos enfants », dit Alice Miller.

« Ce dont nous avons besoin est une totale révision de nos méthodes d'éducation de l'enfant et de notre point de vue traditionnel à ce propos. La façon dont nous étions traités quand nous étions des petits enfants est la façon dont nous nous traitons nous mêmes le reste de notre vie: avec cruauté ou avec tendresse et protection. Nous imposons souvent notre propre souffrance à nous même et plus tard sur nos enfants »

En 1979, le premier livre d'Alice Miller, « Le Drame de L'Enfant Doué », était publié en Allemagne, d'abord titré « Prisonniers de L'enfance », ce sont trois courts essais qui décrivent comment les parents projettent leurs sentiments, idées et rêves sur leurs enfants. Pour survivre et être aimé, un enfant apprend à obéir. En répriment ses propres sentiments, l'enfant étouffe ses tentatives d'être lui même. Le résultat, dit Alice Miller, est trop souvent la dépression, la perte de vitalité et de soi même. Le « Drame de L'Enfant Doué » a attiré une large audience en Europe et aux Etats Unis. Deux livres supplémentaires ont suivis rapidement: « C'est Pour Ton Bien » et « L'enfant Sous Terreur » continuent d'attirer l'attention sur l'enfant mais sont entrés dans des études plus profondes de l'abus de l'enfant, les attitudes de dressage de l'enfant, la théorie psychologique, et le traitement.

L'été dernier Alice Miller à publié « Images d'une Enfance ». Une collection de 66 peintures aquarelles en couleur, il représente une petite fraction de son art. Comme elle le dit dans l'introduction du livre, Alice Miller a commencée de peindre il y a 14 ans. « Cinq années plus tard j'ai commencé de peindre spontanément, j'ai commencé d'écrire des livres. Ceci n'aurait jamais été possible sans la libération intérieur que la peinture m'a donné. Plus j'avais de liberté à jouer avec les couleurs, plus je devais questionner ce que j'avais appris 30 ans plus tôt.

« Ce n'est que quand j'ai écrit mes livres que j'ai trouvé combien la société était hostile envers les enfants », dit-elle. « J'ai commencé de réaliser que l'hostilité envers les enfants est contenue sous d'innombrables formes, pas seulement dans les camps de la mort, mais à tous les niveaux de la société et dans chaque discipline intellectuelle - même dans la plupart des écoles de thérapie. »

Née en pologne en 1923, Alice Miller a été éduquée et vit en Suisse. Elle a étudiée la philosophie, la sociologie, et la psychologie et a reçu sont doctorat en 1953. Elle terminé sa formation psychanalitique à Zurich, et en tant que psychanalyste a été impliquée dans l'enseignement et la formation pendant plus de 20 ans.

Comme son écriture progressait, l'avis d'Alice Miller sur l'enfant devient de plus en plus opposé à celui de la tradition Freudienne. Alice Miller a d'abord dédicacé « L'enfant Sous Terreur » à Freud lors du 125ème anniversaire de sa naissance. « Ses découvertes de la survivance des expériences de l'enfance dans l'inconscient de l'adulte et du phénomène de la répression ont influencé ma vie et ma façon de penser », dit-elle. « Mais je suis arrivée à de différentes conclusions sur Freud quand je n'ai plus pu nier ce que j'avais appris de mes patients à propos de la répression de l'abus de l'enfant.

Aujourd'hui Alice Miller s'est séparée de la traditionnelle approche analytique du traitement et des théories Freudiennes. Au début de son travail Freud a cru que la racine de la névrose était un traumatisme réel, souvent violent et sexuel de part sa nature, qui avait été réprimé dans l'enfance. Plus tard il changea d'avis, décidant que l'enfant n'était en aucun cas innocent, mais né avec des gènes destructeurs et sexuels par nature. Pourquoi le complexe d'OEdipe a-t-il duré si longtemps ? Se demande Alice Miller. " Parce que dans les théories Freudiennes les parents, et non l'enfant, sont innocents. La théorie Freudienne est adaptée à la société; il oublie que dans OEdipe l'enfant est abusé et le voit avec des souhaits incestueux qui l'amènent à tuer son père, marier sa mère, et en fin de compte l'aveugle lui même ".

L'analyse traditionnelle, dit A.Miller, reproduit la relation parents-enfants avec l'analyste conventionnel dans la position de pouvoir. Mais il y a de l'espoir en thérapie si le thérapeute est un véritable avocat du patient. Le respect pour l'enfant à l'intérieur du patient et sa découverte de son histoire réelle doit jouer un rôle dans le processus de traitement. L'enfant subis une longue lutte intérieure « entre la peur de perdre la personne qu'il aime si il reste fidèle à lui même, et la panique de se perdre lui même si il doit refuser ce qu'il est. Un enfant ne peut résoudre un conflit de cette nature et est forcé de ce conformer parce qu'ils ne peut pas survivre par lui même. La thérapie ne doit pas répéter cette condition. »


A.Miller utilise la phrase « pédagogie noire » pour décrire ce qui est infligé à l'enfant « pour son propre bien » à cause de notre hypocrisie et de notre ignorance. Elle perçoit que nous instillons l'humiliation, la honte, la crainte et la culpabilité en « formant » nos enfants. En encourageant la conformité, en supprimant la curiosité et les émotions, un parent réduit la capacité de l'enfant de faire de cruciales perceptions plus tard dans sa vie. « Les enfants sont tolérants, ils apprennent de nous l'intolérance ».

Tandis que le travail d'Alice Miller est ignoré ou attaqué par les thérapeutes orthodoxes, les thérapeutes prévenants saluent son analyse de la cruauté cachée et des racines de la violence. L'anthropologue Ashley Montagu a déclaré que « L'Enfant Sous Terreur va sans doute être un tournant dans l'histoire de la psychanalyse ».


« Ma position anti-pédagogique n'est pas dirigée contre un type spécifique de pédagogie », note Alice Miller, « mais contre l'idéologie pédagogique en général, qui peut être trouvée dans des théories laxistes ». Elle craint que comme conséquences de l'attitude arrogante de l'adulte - incluant des attitudes « laxistes » - envers les sentiments de l'enfant, les enfants soient entrainés à s'accommoder. Mais on fera taire leur propre voix, et leur conscience sera tuée. Et le résultat sera des adultes encore plus arrogants et aveugles.

L'intervieweuse Diane Connors, elle aussi une psychothérapeute, a rendu visite à Alice Miller dans son appartement près de Zurich.De Petite stature, Alice Miller irradie à la fois la prudence et la fragilité, et un engagement clairvoyant, à tout épreuve envers ce qu'elle dit, et une conscience de la résistance de la société à son travail.

Quand avec vous compris que le respect de l'enfant serait votre principal centre d'intérêt ?

J'ai recherché depuis le début, je pense depuis mon enfance, la réponse à pourquoi les gens se comportent d'une manière si irrationnelle. J'ai toujours eu besoin de comprendre et de rendre les choses claires. Je n'ai jamais eu tellement d'informations de la part de ma mère, qui dirait : « C'est comme ça; c'est ainsi et ainsi et ainsi ». Elle ne m'a jamais donné d'explications si je demandais. J'étais une enfant très seule.

Peut être quand j'avais cinq ans j'ai vu une femme avec un enfant. La fille avait trois ou quatre ans. Elle était tombée et s'était blessée. Sa mère qui parlait avec une autre mère, a donné une tape à l'enfant juste parce qu'elle est venue pleurant avec des genoux sanglants. Je me rappelle ma question alors: « Cet enfant est punie deux fois: d'abord en tombant et ensuite par la mère. Pourquoi est-ce qu'elle punit l'enfant ? Elle n'est pas coupable – elle a besoin de l'aide de sa mère, pas de la punition.


Avez vous demandé à votre mère ?

Je n'ai pas osé poser cette question, mais c'était la « pré-question » de ma vie. Alors j'ai vu la guerre et je me suis demandée pourquoi les gens détestent tellement et se comportent de façon si absurde. Ils doivent avoir une raison cachée, je supposais. Je n'ai pas trouvé de réponses dans la philosophie et non plus dans la psychanalyse. Je l'ai trouvée plus tard dans ma vie quand j'ai fait face à l'enfant que j'étais et quand j'ai commencée d'écouter l'enfant dans mes patients.

J'ai dû oublier les théories. Même Freud dit que l'enfant est coupable si il est blessé. L'enfant est toujours coupable. La mère de mon souvenir d'enfance était fâchée que l'enfant soit un problème quand elle voulait parler à son amie. Je pouvais le voir parce que j'avais cinq ans et que je ne connaissais aucune théorie à cette époque. Les adultes ne voient pas. Ils apprennent des théories qui couvrent les explications les plus évidentes, et ils croient ces théories.

Connaissez vous le conte d'Andersen « Les Nouveaux Habits de L'Empereur » ? Je pense que c'est mon rôle dans la société de maintenant, et dans la société analytique de dire que l'empereur n'a pas d'habits. Et beaucoup disent maintenant, « Oh je suis si heureux parce que je le savais aussi mais je n'osais pas le dire ». Il y en a encore d'autres qui disent qu'il porte des vêtements, parce qu'ils ont peur de perdre du pouvoir.

Dans « Le Drame de L'Enfant Doué », j'espérais atteindre les professionnels, mes collègues; donc j'ai parlé un language psychanalytique. En attendant je suis allé au delà de ce langage, et je ne l'utilise plus: je n'essaie plus d'atteindre des gens formés comme je l'étais. Même si ils nient ce que j'écris, leurs patients disent, « Elle décrit ma propre expérience. Je sais de quoi elle parle ».


Pourquoi certains professionnels nient ce que vous dites ?

Parce qu'ils ne sont pas autorisés à voir la réalité. Vous savez, c'était intéressant. La première fois que j'ai parlé de ces idées était quand j'ai parlé devant environ trois cents analystes sur le narcissisme des psychanalystes. Ils étaient très surpris, parce que c'était très inhabituel d'entendre un collègue être du côté de l'enfant. Au départ, ils ont réagis naturellement, étaient simplement reconnaissants et n'ont pas montrés beaucoup de résistances à leur sentiments. Ils m'ont remerciés et ont dit, « Mais comment saviez vous que vous parliez de ma vie ? ». Et j'ai dit, « c'était ma propre vie que j'ai décrit ». Beaucoup d'hommes avaient des larmes dans les yeux. Alors j'ai essayée de publier un article dans une revue Allemande professionnelle, mais l'éditeur à refusé. La résistances était déjà établie. Ils l'ont renvoyé parce qu'ils voulaient tout voir comme Freud l'aurait vu; sinon c'est effrayant ou dangereux. La société analytique internationale l'a publié dans le journal international de la psychanalyse. Mais la revue Allemande « Psyche », ne l'a pas fait. C'était trop provoquant pour les Allemands.


Quel était les parties provocatrices ?

La névrose et la psychose sont le résultat de sentiments réprimés qui sont une réaction au traumatisme. La colère de l'enfant et les autres sentiments que nous n'aimons pas sont des réactions à l'abus de l'enfant.

Aujourd'hui nous savons qu'il y a beaucoup d'enfants abusés. C'était réduit au silence avant. L'enfant doit réprimer la mémoire de cet abus et nier la douleur pour survivre; sinon il serait tué par la douleur.


Est-ce que ça peut arriver si tôt dans le développement de l'enfant qu'il manque de mots, de compréhension, ou de permission pour exprimer la douleur ?

Les mots doivent être trouvés. Une bonne thérapie doit aider le patient à évoluer d'un « enfant silencieux » en un « enfant doué de parole». L'enfant ne peut pas avoir trouvé les mots si le traumatisme était trop tôt, ou l'environnement trop hostile. Mais maintenant en thérapie, si vous avez un thérapeute qui est réellement votre avocat, votre témoin éclairé pour quand vous avez subis un traumatisme pour la première fois, alors vous devenez un enfant qui parle. La thérapie existe pour vous aider à trouver les mots pour dire à votre mère ou à votre père comment vous vous sentiez quand ils vous ont blessés ou comment vous vous sentiez quand vous ne pouviez pas parler même de ça.


Que voulez vous dire par avocat ?

Quelqu'un qui est avec l'enfant. Toujours. Le thérapeute ne doit pas dire que les parents étaient perturbés mais bien intentionnés, parce qu'il est alors du coté des adultes. Si l'enfant pense que ses parents qui se comportaient si étrangement et l'humiliait étaient bien intentionnés, il ne peut pas sentir sa douleur, et il sympathise à la place avec ses parents. C'est un crime de battre un enfant parce que battre est un dommage, et vous ne pouvez jamais changer cette réalité. Un enfant battu se sent humilié, confus, isolé, et il se sent coupable parce qu'on lui dit qu'il est mauvais. Nous avons peur de dire qu'abuser d'un enfant est un crime parce que nous voulons protéger nos parents de cette culpabilité. Mais nous échouons vraiment à les aider quand nous soutenons leur cécité, parce que de cette manière nous trahissons aussi l'enfant à l'intérieur du parent.

Comment gérez vous la douleur dans le processus de guérison

La douleur est la voie vers la vérité. En niant que vous n'étiez pas aimé étant enfant, vous vous épargnez de la douleur, mais vous n'êtes pas avec votre propre vérité. Et partout dans votre vie entière vous essayerez de gagner de l'amour. En thérapie, éviter la douleur cause un blocage. Personne ne peut encore être confronté au fait d'avoir été négligé ou détesté sans se sentir coupable. « C'est de ma faute si ma mère est cruelle », pense-t-il. « J'ai rendu ma mère furieuse; que puis-je faire pour qu'elle m'aime ? » donc il va continuer d'essayer de la faire l'aimer. La culpabilité est vraiment une protection contre la prise de conscience que vous êtes destinés à avoir une mère qui ne peut pas aimer. C'est beaucoup plus douloureux que de penser « Oh, elle est une bonne mère, c'est seulement moi qui suis mauvais ».Parce qu'alors vous pouvez faire quelque chose pour essayer d'obtenir de l'amour. Mais ce n'est pas vrai; vous ne pouvez pas gagner de l'amour. Et le sentiment de culpabilité pour ce qui vous a été fait soutient seulement votre cécité et votre névrose.

Il y a certains traitements ou les patients crient beaucoup – ils souffrent vraiment – mais ne parlent pas. J'ai vu une vidéo cassette ou durant une heure le patient revivait la douleur de la naissance mais n'en parlait pas. Seulement plus tard il a rapporté ce qu'il avait ressenti. Mais à mon avis, il est important de parler, de verbaliser, durant l'expérience de la douleur. Même si le patient s'est senti comme si il était dans l'utérus, il devrait essayer de parler à sa mère et de lui dire comment il se sent. Le lien entre les sentiments et leur expression verbale est crucial au processus de guérison. Mais il ne peut pas le faire sans assistance; il doit savoir que quelqu'un est là qui comprend ce qu'il ressent, qui le soutient et le confirme. Si un enfant a été molesté et que le thérapeute ne nie pas ce fait, beaucoup de choses peuvent s'ouvrir pour le patient. Le thérapeute ne doit pas prêcher le pardon, ou le patient va réprimer la douleur. Il ne changera pas et la rage réprimée va rechercher un bouc émissaire.


Pensez vous que l'enfant n'a pas d'histoire, qu'un enfant nait au monde comme une tabula rasa sur laquelle l'expérience inscrit son caractère ?

Non, je ne pense pas. L'enfant vient de l'utérus avec son histoire de l'expérience dans l'utérus. Mais il ne vient pas avec des projections. Il est né innocent et prêt à aimer. Et l'enfant peut aimer – beaucoup plus que les adultes le peuvent. Cette idée de l'enfant étant un être d'amour rencontre beaucoup de résistances parce que nous avons appris à défendre nos parents et à nous accuser nous mêmes pour tout ce qu'ils ont fait.


De quelle façon pensez vous que votre style reflète ces avis ?

J'essaie de rejoindre l'enfant à l'intérieur des lecteurs, leur permettre de sentir. Je vois mon style comme des clés rangées. Chacun peut en prendre une pour ouvrir leur propre porte pour essayer de trouver quelque chose. Ou ils peuvent dire non, je ne veux pas passer cette porte; je vais rendre la clé. J'essaie d'évoquer des sentiments, des images. De cette façon, j'offre des clés à votre propre expérience. Vous pouvez alors aller voir vos enfants et apprendre d'eux, pas de moi. Parce que c'est seulement de votre propre expérience que vous pouvez vraiment apprendre.

Dans mes premières études, j'étais très abstraite; je voulais comprendre les idées les plus abstraites – de Kant, Hegel ou Marx. Ma dissertation en philosophie était très abstraite. Maintenant je vois que chaque philosophe à du construire un très, très grand immeuble pour ne pas sentir sa douleur. Même Freud.


Pourquoi avez vous décidé de devenir un auteur et une conférencière ?

Je veux informer les gens qu'il n'y a pas une personne dans le monde entier qui abuse des enfants sans avoir été abusée étant enfant. Je pense que cette découverte est cruciale et peut aider à comprendre beaucoup de choses. Etant analyste, je ne pouvais partager mes découvertes avec personne de cette profession. Ce n'était pas possible, et je devais comprendre pourquoi. Donc j'ai écrit trois livres, « L'enfant Sous Terreur » était encore dans la position de l'enfant qui voit tellement de gens admirer l'empereur sans vêtements. Je voulais comprendre ça aussi, leurs motivations. Pourquoi ne sont ils pas conscients ?

Alors les autres ont commencés de montrer un intérêt à mon travail, Ashley Montagu a confirmé ma vision de l'enfant et j'ai aussi trouvé confirmation d'autres écrivains qui écrivaient à propos de l'abus de l'enfant. Montagu m'a envoyé sont livre « Growing Young » dans lequel il cite le fameux psychanalyste anglais Edward Glover. Glover décrit l'enfant normal parfaitement comme étant « égocentrique, avide, sale, ayant un tempérament violent, des habitudes destructrices, un comportement profondément sexuel, dépourvu de tous les sens même le plus primitif de la réalité, sans conscience d'un sentiment de morale, dont l'attitude à la société représentée par la famille est opportuniste, inconsidéré, dominatrice et sadique ». Donc quand nous comparons le bébé normal au criminel type étiqueté psychopathe, le bébé est pour tous les aspects pratiques né criminel. Ce point de vue est dangereux pour l'humanité. Nous prétendons donner à l'enfant les normes de la société pour le faire devenir un « être humain ». C'est le point de vue Freudien du petit enfant. Melanie Klein voit aussi le petit enfant comme étant une créature destructrice. J'ai parlé une fois avec un analyste Kleinien, une jolie jeune femme, et elle dit « N'avez vous jamais vu de bébés destructeurs ? ».Et j'ai dit « Que voulez vous dire ? » Elle dit, « Des petits enfants qui vous donnent une claque. » Et j'ai dit, « Pourquoi êtes vous si épouvantée par ce jeu ? Le bébé ne comprend pas. Mais si vous croyez qu'il est mauvais et méchant, il se sentira mauvais et méchant, ne va pas comprendre, et va finalement devenir destructeur à cause de cette détresse. » Je pense que notre attitude envers les petits enfants vont les faire devenir soit bons, aimants et confiants ou détestables et destructeurs.


Avez vous des réactions d'analystes Kleiniens à votre travail ?

Un psychiatre hollandais formé à l'école kleinienne m'a écrit : « Ce que vous avez écrit me semblait terrible en premier et a retourné de fond en comble ce que j'ai appris et m'a effrayé. Mais maintenant je suis reconnaissant. Chaque jour à l'hôpital est fascinant. Chaque patient a une histoire et j'ai appris de chacun d'eux ».

Quand j'ai dit que j'aimais ouvrir mes yeux et entendre la souffrance de l'enfant, c'est proche de ce que [Frederick] Leboyer a fait avec le nouveau né. Tellement de gens ont été témoins de la naissance, personne encore n'avait vu que l'enfant souffrait, criait à cause de la douleur psychique. Leboyer à dit que cette douleur n'était pas nécessaire. « Je peux montrer que l'enfant va sourire quelques minutes après la naissance », dit il. Beaucoup de mères savent qu'il avait raison, mais pas les professionnels, qui empêchent toujours les mères de faire de la naissance une bonne expérience pour leurs nouveaux nés. Ils ont appris il y a trente ans que c'était nécessaire pour le bébé de crier et d'être fessé, et ils continuent de croire ce qu'ils ont appris.

C'est la même chose pour mon travail. Pour protéger ce qu'ils ont appris, les professionnels ignorent ce que je leur montre. Ce que Leboyer a fait pour le nouveau né, j'essaie de le faire pour l'enfant plus âgé pour expliquer son comportement, de rapprocher les adultes de sa souffrance, qu'ils nient; pour expliquer comment il se sent et de cette façon, empêcher les abus de l'enfant dans le futur. Aussi longtemps que nous nions l'abus de l'enfant, nous ne pouvons l'empêcher. Nous l'appelons simplement éducation. J'essaie d'écouter la voix de l'enfant, rendre les gens conscients des sentiments de l'enfant, sentiments que j'ai découvert en premier quand j'ai commencé de peindre.


Pensez vous que peindre vous a ouvert à beaucoup de sentiments ?

Parce que je pouvais commencer sans connaissances théoriques, sans bagage, vraiment comme un enfant. Et je me suis tellement amusée quand j'ai commencé. Je savais que quelque chose allait être crée, allait sortir. Et ça s'est fait. Les 5 premières années de peinture m'ont permis d'écrire « Le Drame de l'Enfant Doué » de cette façon non conventionnelle. Je jouais avec mes pensées. Et comme j'ai éprouvé la créativité dans ma peinture, je suis devenue plus critique à propos de ce que j'ai appris comme théorie.


Dans « Le Drame de L'Enfant Doué » vous connectez les sentiments réprimés avec une perte de vitalité. Etait-ce là votre expérience ?

Oui, faire l'expérience de la douleur de ma vie m'a donné en retour ma vitalité. En premier la douleur, ensuite la vitalité. Le prix des sentiments réprimés est la dépression. J'ai aussi du résister à la façon habituelle d'apprendre. Si vous êtes forcés de faire quelque chose, vous ne pouvez pas vous amuser. Mais pour moi, s'amuser est la première condition à la créativité. Je l'ai appris quand j'ai joué avec les couleurs. Mais j'ai résisté à apprendre avec la couleur en lisant des théories dans des livres. Pour moi, peindre, rêver, et écrire a quelque chose en commun. Je peint comme je rêve. J'ai beaucoup d'impulsions et d'associations. Je n'ai jamais de plan, de concept de ce que je veux faire. J'ai parfois des concepts, mais je ne peux pas les réaliser parce qu'en peignant j'ai commencé de rêver d'autre chose et j'ai oublié mes plans. Au début j'ai une sorte de style narratif. Je voulais raconter une histoire, ou une histoire se racontait en moi. Maintenant c'est plus comme avoir besoin de couleurs, cette forme, cette ligne. C'est de l'improvisation. Je dirais que je peins comme un musicien de jazz.

Je ne veux pas faire de chef d'oeuvre, ou même de bonnes images. Heureusement, je n'ai pas besoin de vendre mes peintures. Je suis seulement contrainte de travailler de plus en plus loin dans la vérité. Parfois, je détruis mes peintures. Je les change encore et encore, même si elle puissent avoir été plus belles avant. A la fin je suis contente parce que j'ai dis ce que je voulais dire. Je ne me soucie pas de ceux qui disent que c'est bon ou non. Dans le peinture je me sens absolument libre. J'ai ma palette, mon papier blanc; et personne ne peut me dire ce qui est juste ou faux.

Admirez vous Goya et Turner ?

Ils ne sont pas des modèles pour moi mais des exemples de véritables et grand artistes. Les deux avaient du succès et étaient admirés. Ils ont alors soudainement changé leurs styles. Goya, qui a fait de beaux portraits, a commencé de peindre des fantômes et son monde intérieur. Et Turner a commencé de peindre la lumière. Et quand les gens ont commencés de dire, « Ce n'est pas bien – vous faisiez de vraiment bonnes peintures avant », il ne s'en occupait pas; lui et Goya ont fait ce qu'ils avaient besoin de faire. Pour moi ils sont des exemples de courage.

Picasso, aussi, l'a fait plein de fois. Sortir ce qui conforte la plupart des gens – être bon, habile, admiré, célèbre et alors abandonner tout ça pour suivre sa propre route – c'est très effrayant pour la plupart des gens. Mais j'ai du le faire pour rester en contact avec moi même, pour devenir libre. Autrement je me sens comme dans une prison.


Qui sont vos héros ?

Plus je vieillis, moins j'ai de héros. Même Freud n'était pas un héros pour moi mais pour longtemps une figure parentale. Mais quand j'ai découvert son déni de la vérité, il n'était même plus ça. Je ne peux idéaliser personne comme je l'ai fait il y a trente ou quarante ans. Dans mes jours d'école Socrate était une grande figure parce qu'il a questionné beaucoup de choses. J'ai aussi aimé l'honnêteté de Montaigne; j'ai aimé Kafka et adoré Shakespeare. Maintenant je ne peux pas lire de roman si facilement. Je suis ennuyée si je vois le mensonge. J'aime les écrits sur l'enfance si ils sont écrit honnêtement ce qui est rare. L'enfance offre la clé à l'entière personnalité. J'ai écrit des essais sur Nietzsche, Picasso, Kathe Kollwitz [expressionniste Allemande] après avoir découvert des faits sur leur enfance qui apporte un nouvel éclairage sur leur travail. Il est stupéfiant que l'importance de ces faits soit oubliée. Les essais ne sont toujours pas publiés parce que je n'ai pas le temps de les mettre dans un nouveau livre. Et je suis fatiguée de publier des livres. J'aime écrire mais pas publier. Cela prend beaucoup de temps et ce n'est pas créatif.


Quand avec vous décidé d'écrire « Le Drame de L'enfant Doué » ?

Oh, c'était amusant. Actuellement, je ne sais pas. Je vous dirais que j'ai fait un papier pour une conférence; alors j'en ai écrit un autre sur la dépression. Après que l'association professionnelle Allemande ait refusée d'imprimer le premier, j'ai écrit le troisième papier et j'en ai fait un livre. Bien que je l'ai écrit en trois semaines, c'était l'expression de trente ans d'expérience. Je l'ai envoyé à un petit éditeur en Suisse qui m'a dit ne pas être intéressé, qu'ils ont quatre autres livres sur le « narcissime ». Alors je l'ai envoyé à Suhrkamp, mon éditeur allemand actuel. L'éditeur m'a téléphoné le jour suivant et m'a dit, « Attendez, s'il vous plaît, et vous aurez un contrat dans trois jours. C'est extraordinaire; c'est tellement inhabituel ». Et alors l'éditeur est venu en visite et m'a dit, « D'habitude, je prend les nouveaux manuscrits à la maison avec moi à l'heure du déjeuner. Cette fois je n'ai pas pu faire la sieste; je devais le terminer. Je ne suis pas retourné travailler ce jour là non plus. Vous avez fait une grande découverte ».


Est-ce que la réponse à votre travail diffère de pays en pays ?

Oui. Les pays scandinaves, la Hollande, et les Etats-Unis sont plus libéraux et ouverts. La plupart de mes livres sont vendus en Allemagne, mais la plupart des Allemands sont toujours très influencés par la pédagogie noire. Les Suisse aussi. Beaucoup ne se permettent pas de critiquer leurs parents ou de voir le poison de leur éducation. Ces gens disent que mon travail décrit l'éducation du 19ème siècle. Ils ne voient pas qu'ils vivent toujours en accord avec ces valeurs du dix-neuvième siècle.

Cette réponse est aussi une réaction au temps d'Hitler. Le déni d'Hitler est si profond que les Allemands ne peuvent pas apprendre de leur histoire. Etant enfant, Hitler n'avais aucun témoin. Son père détruisait tout ce que son fils faisait. Il ne pouvait dire à personne le douleur dont il souffrait. En Suède, ils ont fait une pièce, « L'enfance d'Hitler » à partir d'un chapitre de mon livre. L'histoire montre comment cet enfant recherchait des contacts, désirait un simple regard, mais était constamment traité comme un chien.

Une réaction semblable à l'Allemagne vient du Japon, mais il est venu aussi du Japon des réactions de gens qui sont déjà devenus conscients. Leur conscience n'est pas endommagée par des théories comme la théorie des gènes de Freud, donc ces Japonais peuvent faire face à ce que j'écris, l'utiliser dans leur réalité. Ils peuvent comprendre les abus sur les enfants omniprésents, et ils peuvent vraiment aider.

Derrière chaque acte de violence il y a une histoire. Une histoire d'agressions, une histoire de déni. Le déni est une loi nous gouvernant, mais est ignoré par la société et n'est toujours pas examiné par les professionnels. Pourtant il contient la clé de notre compréhension de pourquoi de pures non-sens peuvent être toujours tenu en haute estime dans notre culture, de tels non sens comme l'idée de Freud qu'un enfant inventerait des traumatismes.

Y a-t-il des cultures qui ont une attitude différente à l'égard des responsabilités parentales ?

En dépit des variations dans les cultures, l'abus est trouvé dans presque toutes. Mais il y en a qui sont différentes. Par exemple, il y a des gens sur l'île de Malaisie appelés Senoi qui ont une culture non violente. Ils parlent avec leurs enfants de leur rêves chaque matin. Ils n'ont jamais eu la guerre. Notre culture est tellement violente parce que quand nous étions enfants, nous avons appris à ne pas sentir.


Que sont, en général, vos idées sur les rêves ?

Les rêvent me racontent l'histoire de l'enfance, mais l'enfance transformée. Les problèmes des jours passés sont mélangés là-dedans. Les rêves révèlent parfois des traumatismes réprimés, mais ils aident aussi le rêveur à les surmonter. Les rêves sont une force créative que chacun a chaque nuit quand le contrôle est diminué.


Le thérapie peut-elle produire un changement ?

Oui, mais seulement si la thérapie va à la douleur, qui est bloquée dans nos sentiments de culpabilité. L'idée « Je suis coupable de ce qui m'est arrivé » est un blocage. Depuis que j'ai découvert que la théorie de Freud des gènes dissimule non pas accidentellement mais nécessairement la réalité de l'abus de l'enfant, j'ai recherché pour une nouvelle forme de psychothérapie, une thérapie efficace basé sur toute la connaissance de l'abus de l'enfant disponible pour nous aujourd'hui.

On peut trouver plein de techniques irresponsables et dangereuses et des mélanges de techniques qui ne fournissent pas de confrontation systématique avec le passé. Certaines laissent des personnes seules avec leur douleur non résolue. Ces patients sont victimes en premier d'un abus étant enfants et finalement d'une thérapie abusive. Et ils essaient de « s'aider » eux même en prenant des drogues, en joignant des sectes, gourous, ou recherchent d'autres voies pour nier la réalité et tuer la douleur. L'activité politique peut être l'une de ses voies.


Quel conseil donneriez vous aujourd'hui à un thérapeute en formation ?

D'abord, essayez de découvrir votre propre enfance, alors prenez cette expérience au sérieux. Ecoutez le patient et aucune théorie; avec votre théorie vous n'êtes pas libre d'écouter. Oubliez ça. N'analysez pas le patient comme un objet. Essayez de ressentir, et d'aider le patient à sentir à la place de parler au patient des sentiments des autres.

L'enfant a besoin de fantasmes pour survivre, pour ne pas souffrir. Croyez ce que le patient vous dit, et n'oubliez pas que la réalité réprimée et toujours pire qu'un fantasme. Personne n'invente des traumatismes parce que nous n'en avons pas besoin pour survivre. Mais nous n'avons pas besoin non plus de leur déni. Certains d'entre nous paient avec de sévères symptômes pour ce déni. Etudiez l'histoire de l'enfance. Le thérapie doit vous ouvrir aussi bien que le patient aux sentiments pour toute votre vie. Cela doit vous réveiller d'un endormissement.

C'est tragique d'aller en thérapie et de trouver, à la place de l'aide, la confusion. J'ai un lettre d'une femme de soixante dix neufs ans qui dit que « Pendant quarante ans de ma vie, je suis allée en psychanalyse. J'ai vu huit analystes. Mais pour la première fois, après avoir lu votre livre, je ne me sens plus coupable pour ce qui m'est arrivé. J'étais toujours fatiguée et les analystes était agréables. Ils voulaient m'aider. Mais ils n'ont jamais doutés que mes parents étaient bien pour moi. Je suis tellement reconnaissante maintenant que je ne me sens plus coupable depuis que j'ai lu vos livres. Je vois maintenant comment ils ont terriblement abusés de moi. C'était en premier mes parents et alors mes analystes qui m'ont fait me sentir mauvaise et coupable ». Cet aperçu vient d'une femme de soixante dix neufs ans ! Alors elle a cité la dernière phrase de « C'est Pour Ton Bien »: « Car l'esprit humain est pratiquement indestructible, et son habilité de renaitre de ses cendres reste aussi longtemps que le corps respire ».


Est-ce que la violence à la TV affecte les enfants ?

Les enfants qui ont été réellement aimés et protégés ne seront pas intéressés par ces films et spectacles et ne seront pas en danger. Mais si l'enfant qui était blessé et humilié – peut être à l'école, pas nécessairement pas ses parents – recherche des résultats, du matériel; il recherche un objet à détester et sur lequel il peut prendre sa revanche. Bien sur il y a des gens qui font du commerce des souffrances de l'enfant. Mais la violence ne vient pas de ces films à la télévision. Sa source est plus profonde. Les enfants protégés et aimés ne peuvent pas devenir des meurtriers. C'est impossible de trouver une personne qui n'a pas été battue et qui frappe un enfant.


Pourquoi la violence s'engendre-t-elle à travers les générations ?

Si vous retournez en arrière vous pouvez voir que tous les abuseurs ont été abusés. Mais dans la plupart des cas vous ne l'entendrez pas de lui ou d'elle, parce qu'il y a trop de déni. Si vous allez en prison et demandez à un meurtrier, « Comment était votre enfance ? » il va dire, « Ce n'était pas si mauvais. Mon père était sévère et me punissait parce que j'étais méchant. Et ma mère était une gentille femme ». C'est le problème: vous ne pouvez pas trouver la vérité parce que la personne, le meurtrier lui même, va vous empêcher de voir son enfance cruelle comme elle était en réalité. Parce qu'il ne peut pas porter cette douleur, il tue des gens innocents à la place de ressentir la douleur de son enfance.

Pensez vous qu'un enfant peut être abusé dans l'utérus ?

Bien sûr, Chaque enfant a sa propre expérience; certaines expériences sont de réelles tyrannies. Il y avait un enfant né avec trois ulcères. Il est mort. La mère avait quinze ans. Elle était battue durant la grossesse aussi et elle a pris de la drogue. Personne ne sait par quoi un enfant, même dans l'utérus, doit passer. Nous sommes tellement ignorants, et nous refusons de savoir.

Avez vous entendu parler de l'école McMartin à Los Angeles ? A cette garderie de plus de trois cents enfants, il y a eu des inculpations comme quoi beaucoup d'entre eux étaient sexuellement abusés. Pendant sept mois les avocats ont demandés aux enfants ce qui leur est arrivé. Leur questionnement était des tortures pour l'enfant. Certains ont reportés qu'ils ont du aider à tuer un bébé. Les adultes ont prouvés que ce n'était pas vrai, alors ils ont traités les enfants des menteurs. Finalement les charges ont été abandonnés contre cinq des sept accusés de maltraitances. Mais de toute évidence, c'était une manière symbolique de dire, « Quand j'ai consenti d'être abusé sexuellement, j'ai tué l'enfant en moi même ».

Je veux montrer comment la société réagit au rapports de l'enfant. Abuser veut dire tuer l'âme d'un enfant. Nous ne pouvons pas comprendre le langage symbolique de l'enfant, alors nous disons que l'enfant ment. Alors les enseignants auteurs d'abus sont libres, et nous pensons que c'est légalement correct. Le problème est que l'enfant protège l'auteur des sévices. Parfois l'auteur est échangé pour une autre personne dans leurs rapports. Ils disent peut être, « J'ai peur du postier parce qu'il était méchant avec moi ». Et les parents savent que le postier n'a pas de contact avec l'enfant. Mais derrière l'histoire « inventée » se cache un père ou un oncle. La fonction du mensonge protège la personne aimée mais en même temps exprime de l'anxiété. Les adultes disent que ces enfants inventent des histoires. Mais l'histoire n'est pas inventée; un événement réel est arrivé.

Est-ce que la société peut comprendre le langage de l'enfant ?

Je l'espère. Sinon nous allons commettre un suicide de masse avec l'aide de la technologie. Le langage de l'enfant est souvent très clair, mais nous refusons de l'entendre. Les enfants peuvent endurer de terribles abus et de la cruauté depuis le premier instant de leurs vies, merci à la technologie de l'hôpital. L'abus est stocké dans l'esprit, et il peut rester actif tout la vie. Donc, une mère maltraitant son petit enfant peut répéter exactement ce qui lui est arrivé sans en avoir aucune connaissance, aucun souvenir conscient. Mais la mémoire emmagasinée dans son corps va la contraindre à répéter le même traumatisme. A moins que cet enfant ne reçoivent les bras chauds d'une personne qui va le consoler et lui dire avec ses bras que le choc de la naissance est terminé, l'enfant va toute sa vie s'attendre à la répétition de ce choc. L'une des premières leçons est que vous êtes seul, dans un endroit dangereux, et personne ne voit votre douleur. Mais cette situation peut être facilement changée quand nous reconnaissons que le nouveau né a un sentiment et est une personne très sensible. Très souvent l'enfant vient au monde après une lutte, et nous ne comprenons pas que l'enfant a besoin de la consolation et des bras d'une mère. Nous lui donnons des médicaments, l'hôpital, et de la haute technologie à la place. Et nous pensons que c'est bien pour l'enfant – seulement parce que nous avons fait la même expérience des années avant et pensons que c'est habituel. Ce qui se passe vraiment dans la psyché d'un nouveau né n'est absolument pas intéressant pour la plupart des gens. C'est pourquoi je vous donne cette interview.


Que voulez vous faire maintenant ?

Je voudrais aider les gens qui sont confronté à l'abus de l'enfant. J'ai reçu une lettre d'un thérapeute d'enfants en Californie. C'était un consultant pour une école. Une fille lui a raconté une histoire d'une « Boite Chaude », un petit cabinet sans fenêtres ou les enfants étaient enfermés comme punition. Il l'a cru, a fait des investigations, et, quand il a écrit un rapport à ce sujet il a été renvoyé. Mais il a continué à mener des investigations et a trouvé ces « boites chaudes » utilisées dans d'autres écoles. Les journaux ont reportés ce cas, et sa voix et son expérience ont été remarquées. Il m'a remercié parce qu'il s'est senti soutenu par mes livres. Cela montre qu'une personne peut rendre les gens conscients de méthodes qu'ils n'ont jamais questionnés avant, et qui sont en fait dommageables. Un seul avocat d'enfant peut sauver une vie; les avocats disent qu'un crime est un crime; ils ne dissimulent pas la vérité en l'appelant l'amour ambivalent des parents. Un avocat peut aider un enfant à éviter de devenir un criminel. L'enfant apprend d'un témoin éclairé à reconnaître la cruauté, à la rejeter et à se défendre lui même contre ça, donc à ne pas perpétuer ça. Les expériences ont définitivement prouvé que personne n'apprend rien avec les punitions. Ce que vous apprenez est comment éviter les punitions par les mensonges et comment punir un enfant trente ou quarante ans plus tard. Les gens continuent de croire, cependant, que la punition peut être efficace.

Pouvez vous changer cette croyance ?

Je l'espère, au moins en partie. Ma vie et mon travail se concentrent sur le problème de l'abus de l'enfant et sur la question de comment je peux transmettre ce que j'ai appris à ce propos aux professionnels, parents, et gens responsables des lois. Ce n'est pas facile, parce que la plupart des gens ont appris depuis le début de leur vie que l'enfant doit être battu pour devenir quelqu'un de bien, d'humain, d'honnête, de tolérant comme les enseignants, parents, ministres, et les autres autour d'eux croient être. En Angleterre, ou j'ai donné quelques interview radio, les interviewers disent souvent, « vous parlez des formes de violences sérieuses, et de la brutalité dans les familles, mais il y en existe aussi d'autres formes – donner une fessée, des coups, crier sur l'enfant. » Les interviewer clament que ces formes d'exercices du pouvoir sont sans danger et pas sérieuses, et ils argumentent qu'ils étaient souvent fessés enfants et qu'ils ne sont pas devenus un Adolf Hitler. Je vois mon travail comme étant de répéter que chaque type de violence, fessées, coups, est une humiliation et un dommage sérieux pour toute sa vie. Un enfant peut éviter de devenir un criminel si il a la chance dans l'enfance de rencontrer au moins une personne qui n'est pas cruelle avec lui, qui peut éventuellement l'aimer ou le comprendre. L'expérience de l'amour, de la compassion, ou de la sympathie va l'aider à reconnaître la cruauté pour ce qu'elle est. Les enfants qui manquent de cette expérience parce qu'il n'y a pas de témoin éclairé vont voir la cruauté comme étant une façon normale de traiter les enfants et va continuer avec ce fardeau. Ils vont devenir comme Hitler, Eichmann, [Rudolf] Hoss et les millions de partisans qui n'ont trouvés dans leur enfance que de la cruauté.


Que dites vous à propos des formes « modérées » de cruauté, comme la fessée, crier, et les humiliations verbales ?

La tragédie est que les gens qui ont été traités de cette façon – même si ils ne deviennent pas comme Hitler – prétendent que ce genre de traitements était nécessaire. Ils se réservent le droit de faire pareil à leurs enfants et sont réticents à passer des lois qui interdisent la fessée dans les écoles. Au royaume uni une telle loi n'est passée qu'en 1986, et je vois ce délais comme étant un effet de l'abus de l'enfant ici.

L'ignorance de notre société est le résultat de l'abus de l'enfant. Nous étions fessés pour devenir aveugles comme OEdipe. Nous devons voir pour donner à nos enfants la chance de grandir avec plus de responsabilités et plus de conscience que ce qui était disponible pour notre génération qui produit maintenant des bombes atomiques.