dimanche 26 juin 2011

Les Fantômes de l'Enfance

Traduction de la réponse d'Alice Miller au courrier "Ghosts from the Nursery".


Note: Il y aussi la traduction de l'article copié dans le courrier présentant le livre en question.

Dans la présentation du livre, il est dit "la plupart des jeunes délinquants ont subis des dommages neurologiques durables qui interfèrent avec leur habilité à raisonner", mais ce n'était sans doute seulement visible dans une majorité de cas par ceux qui ont écrit le livre et que dans les cas ou il n'y avait (visiblement) pas d'abus commis sur l'enfant, ces abus étaient encore trop bien cachés, même à ces chercheurs parce que tous ceux qui deviennent délinquants ont du subir des dommages, sinon cela voudrait dire que c'est un état naturel (génétique). Peut être aussi que pour les cas "inexplicables", ces abus étaient commis de façon moins "volontaire" par les parents et donc de façon encore plus cachée.

Ensuite: "[les auteurs n'expliquent pas] comment la plupart des enfants abusés et négligés ne deviennent pas violents", il semble là aussi qu'il n'est question que de la partie visible et déjà reconnue par la société de la violence, c'est à dire de la violence interdite parce que très minoritaires et donc très peu répandue, les crimes les plus visibles et les plus reconnus (violences extrêmes, décès dus à des coups immédiats, atteintes corporelles visibles, etc, toutes les violences ou les liens de causes à effets sont facilement visibles), par exemple l'excision est un crime reconnu parce qu'il n'est pas pratiqué en france, par contre la fessée très pratiqué n'est pas reconnue comme étant un abus. La plupart des abus commis contre les enfants sont dans la catégorie de la violence permise légalement par la société (la mère), donc ce n'est pas reconnu comme étant des abus donc on peut croire que ce ne sont pas des abus et des crimes (parents, éducateurs, politiques, policiers, etc) et donc ça ne rentre pas dans les statistiques et donc on dit qu'une majorité d'enfants ne reproduisent pas ce qu'ils ont subis parce qu'on ne veut pas reconnaitre toute cette violence invisible et cachée si elle n'est pas déjà visible.

Et après: "Pourtant ils notent la profonde différence entre les sexes et leur réponses à l'abus: c'est principalement les garçons qui agissent à travers la violence". Les hommes sont plus souvent vu comme étant violents parce que les filles ont l'immunité de la mère ( contrairement aux hommes ) et leurs violences restent dans ce domaine "interdit" (l'enfance et l'éducation de l'enfant) ou elles sont permises, et donc leurs crimes sont très souvent protégés, contrairement à ceux des hommes qui sont plus dans la violence visible parce qu'ils n'ont pas l'immunité de la mère.

Voir aussi pour plus de précisions, le dossier de la résilience:



"10 Mai 1998
Le Berceau des Voyoux
par KAREN WRIGHT

Référence du livre en question:

GHOSTS FROM
THE NURSERY
Tracing the Roots of Violence.
By Robin Karr-Morse and Meredith S. Wiley.
364 pp. New York:
The Atlantic Monthly Press. $25.
Dans la décennie passée, deux changements notables ont pris place dans deux secteurs distincts de la société américaine. L'une a eu lieu dans les laboratoires de scientifiques qui étudient le développement du cerveau humain. Les nouvelles techniques d'imageries ont montrées que les cerveaux des bébés ne sont pas, comme on le pensait, déjà formés, mais extraordinairement maléables, et que leurs circuits neuronaux suivent de nombreux raffinements et améliorations durant les 3 premières années de la vie. Les autres changements sont évidents dans les écoles et dans les rues de villes comme Jonesboro, West Paducah, et Pearl. D'après le FBI, le nombre d'arrestations de mineurs pour attaques avec des armes a plus que doublé dans les 10 dernières années, et les attaques graves par des adolescents a grimpé de 70 pour cents. Les arrestations de mineurs pour meurtre a augmenté de moitié.
C'est le sujet malheureux de "Ghosts From the Nursery" (Les Fantômes de l'Enfance) pour relier les nouvelles découvertes du développement du cerveau et l'augmentation des menaces de violences perpétrées par les enfants. A travers l'abus, la négligence et d'autres insultes de l'enfant, selon les auteurs, la plupart des jeunes délinquants ont subis des dommages neurologiques durables qui interfèrent avec leur habilité à raisonner, à sentir et à gérer leurs émotions et leur comportement. Et dans la plupart des cas d'enfants criminels, affirment-ils, des signes de crimes majeurs sont présents dès l'âge de 4 ans.
Encore plus important, les facteurs qui mettent l'enfant en danger de développer des personnalités violentes opèrent même encore plus tôt - dans certains cas, avant la naissance. Chapitres après chapitres, Robin Karr-Morse et Meredith S.Wiley décrivent comment le développement prénatal, le tempérament, les addictions des parents et les traumatismes physiques et psychologiques sont liés à des troubles du comportement et de la violence impulsive. Il en ressort que les bébés ont besoin qu'on prenne soin d'eux de façon sensible et cohérente pas seulement pour leur bonheur, mais pour le développement sain de la chimie la plus basique du cerveau. Les dégâts à ce développement - et à la réponse de stress en particulier - peuvent priver un enfant de ses possibilité de concentrations, d'organiser et d'articuler ses sentiments, de contrôler ses impulsions, et de prendre en compte d'autres points de vue et de reconnaitre les conséquences de son comportement.

Les conclusions de "Fantômes de l'Enfance" sont familières: seuls ou combinés, la négligence, l'abandon, l'abus, l'utilisation de drogue et la malnutrition font des ravages sur un enfant. Les auteurs ont fait un bon travail en expliquant comment ces misères peuvent se traduire par des blessures neurologiques, et comment ces blessures peuvent éventuellement être liées aux violences qui s'en suit. Ce qui manque est une discussion des limites de cette explication. Karr-Mors et Wiley n'expliquent pas, par exemple, comment la plupart des enfants abusés et négligés ne deviennent pas violents. Pourtant ils notent la profonde différence entre les sexes et leur réponses à l'abus: c'est principalement les garçons qui agissent à travers la violence, pendant que les filles se "dissocie", deviennent passives et retirées. Et leur auteurs ne parviennent pas à démontrer que ces facteurs de risques précoces ont suffisamment augmentés ces dernières années pour expliquer l'augmentation de la vague de crimes infantiles.

Néanmoins, "Les Fantômes de l'Enfance" est éclairant et persuasif. Dans leur deux derniers chapitres, Karr-Morse et Wiley disent que la protection de l'enfance et le système judiciaire des mineurs sont impliqués de façon trop tardives pour contrer les effets des blessures précoces de l'enfance. Les deux auteurs ont fait l'expérience de ces systèmes, Karr-Morse en tant que directeur d'une formation de parents pour la protection de l'enfance et Wiley en tant que membre du corps législatif de l'état qui a aidé à repenser les systèmes de protection de l'Oregon. Les deux ont rejoint un groupe d'experts croissant en développement de l'enfant qui insistent sur le fait que, pour être efficace, les programmes visant à protéger le bien être des enfants doit intervenir parfois avant la naissance. Mais le message "caché" dans "Les Fantomes de l'Enfance" est encore plus profond. Il semble que nous soyons si éloignés du bon sens et de la sensibilité dans l'education de l'enfant que nous devons compter sur les scanners du cerveau de l'enfant et des statistiques du FBI pour nous rappeler ce dont les bébés ont toujours eu besoin pour s'épanouir: attention, alimentation, stabilité et amour."

"AM: Je connais le livre et ces ceux auteurs que j'ai rencontré à New York en 1998. J'ai adoré leur livre; il est courageux, honnête, rempli d'informations et écrit avec le coeur. J'ai l'ai mentionné plusieurs fois, par dessus tout dans mon livre "Libres de Savoir" et je le fait avec plaisir en publiant ici votre lettre et la critique. J'aimerais ajouter qu'en abusant et négligeant les enfants, nous ne produisons pas seulement des enfants et des adultes malheureux, mais aussi plein d'abuseurs d'enfants parmis eux. Cette dynamique de transmission de la cruauté n'est toujours pas mentionnée, ignorée ou niée par la plupart des auteurs."


A Lire Aussi:
  • "La Fessée, Questions sur la Violence Educative", d'Olivier Maurel


Version Originale:
"May 10, 1998
Thugs in Bassinets
By KAREN WRIGHT

GHOSTS FROM
THE NURSERY
Tracing the Roots of Violence.
By Robin Karr-Morse and Meredith S. Wiley.
364 pp. New York:
The Atlantic Monthly Press. $25.

In the past decade, two notable changes have taken place in two distinct sectors of American society. One has occurred in the laboratories of scientists who study the development of the human brain. New imaging techniques have shown that babies' brains are not, as once thought, hard-wired, but extraordinarily malleable, and that their neural circuitry undergoes tremendous elaboration and refinement during the first three years of life. The other change is evident in the schools and on the streets of towns like Jonesboro, Ark., West Paducah, Ky., and Pearl, Miss. According to the F.B.I., the number of juveniles arrested for weapons offenses more than doubled in the last 10 years, and aggravated assault by teen-agers jumped 70 percent. The arrest of juveniles for murder has increased by half.

It is the unhappy theme of ''Ghosts From the Nursery'' to bring together the new understanding of brain development and the growing threat of violence perpetrated by children. Through abuse, neglect and other childhood insults, the authors argue, most youthful offenders have sustained lasting neurological damage that interferes with their ability to reason, to feel and to regulate their emotions and behavior. And in most criminal children, they assert, signs of imminent felony are present by the age of 4.

More important, the factors that put children at risk of developing violent personalities are operating even earlier -- in some cases, before birth. Chapter by chapter, Robin Karr-Morse and Meredith S. Wiley describe how prenatal development, temperament, parents' addictions and physical and psychological trauma relate to behavioral disorders and impulsive violence. It turns out that babies require sensitive and consistent care not just for their happiness, but for the healthy development of the most basic brain chemistry. Damage to this development -- and to the stress response in particular -- can rob a child of the resources to concentrate, to organize and articulate feelings, to control impulses, to appreciate other perspectives and to recognize the consequences of behavior.

The conclusions of ''Ghosts'' are familiar: alone or in combination, neglect, abandonment, abuse, drug use and malnutrition wreak havoc on a child. The authors do a good job of explaining how these miseries can translate into neurological injury, and how injury could be linked to eventual violence. What's missing is a candid discussion of the limits to this explanation. Karr-Morse and Wiley do not acknowledge, for example, that most abused and neglected children do not become violent. Nor do they note the profound differences between the sexes in their responses to abuse: it is mostly boys who act out through violence, while girls dissociate, becoming passive and withdrawn. And the authors fail to demonstrate that early risk factors have increased enough in recent years to account for the kindercrime wave.

Nevertheless, ''Ghosts'' is ominous and persuasive. In their final two chapters, Karr-Morse and Wiley argue that the child welfare and juvenile justice systems get involved too late to counter the effects of early childhood insults. Both writers have experience with these systems: Karr-Morse as the former director of parent training for the Oregon child welfare system, and Wiley as a member of the state legislative staff who helped redesign Oregon's protective services. The two join a growing chorus of child development experts in insisting that, to be effective, programs seeking to insure the welfare of children must intervene even before birth. But the unspoken message of ''Ghosts'' is more sobering still. It seems that we have strayed so far from common sense and sensitivity in child rearing that we must rely on brain scans and F.B.I. statistics to remind us of what babies have always needed to thrive: attention, nourishment, stability and love."


"AM: I know the book and both of its authors whom I met in New York in 1998. I loved their book; it is brave, honest, very informative and written with heart. I mentioned it repeatedly, above all in my book "The Truth Will Set You Free" and do it with pleasure by publishing here your letter and the review. I would like to add that by abusing and neglecting children, we not only produce unhappy children and adults but also many child abusers among them. This dynamic of passing on cruelty is still unmentioned, ignored or denied by most authors."

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